Domanique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist
L’un de mes fils est en France. On
pourrait se dire qu’il est chanceux et bien sûr qu’il l’est. Mais, en même temps, sa grand-mère, qui a maintenant 90 ans, devait déménager de toute urgence. Il
Domanique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist
L’un de mes fils est en France. On
pourrait se dire qu’il est chanceux et bien sûr qu’il l’est. Mais, en même temps, sa grand-mère, qui a maintenant 90 ans, devait déménager de toute urgence. Il
n’était pas censé y aller, mais compte tenu du grand âge de sa mamie et du fait que personne n’est éternel sur cette terre, compte tenu du fait qu’une paire de bras
de plus pouvait être utile pour le déménagement, la décision a été prise de l’envoyer là-bas, espérant qu’il puisse découvrir de nouveaux horizons et renouer les contacts avec la famille plus éloignée. Que votre enfant aille en France ou chez un ami, je ne sais pas pour vous, mais, avant le départ, les conseils fusent; à demi écoutées, un paquet d’attentes qu’on espère qu’il respectera : ne fouille pas dans le frigo, fais ton lit, dis « bonjour », « s’il vous plaît », puis « merci », sois gentil, sois poli. Sois poli !
Les voyages forment la jeunesse et je crois, en effet, qu’une fois laissé à lui-même, l’enfant est bien obligé d’assumer la responsabilité des attitudes qu’il adopte. Dans mon cas, sa grand-mère ne tarit pas d’éloges à son égard. Ça m’a rappelé qu’un jour, alors que mon fils était en maternelle, je m’étais fait féliciter parce qu’il disait
toujours gentiment bonjour. À ce moment-là, je m’étais dit que c’était, selon moi, le minimum de base d’une vie en société. Il en va de même aujourd’hui lorsque l’on me dit que mon fils est prévenant, attentionné et que l’on me décrit les comportements que l’on valorise tant. Sans pour autant minimiser les compliments, je me rends compte que ce qui était la norme auparavant surprend maintenant; si l’on procède par comparaison, il peut arriver que la politesse et le savoir-vivre ressortent davantage qu’ils ne le devraient parce qu’il semble bien qu’on y soit moins accoutumé.
Combien de fois la porte ne se referme-t-elle pas sur mes bras pleins parce que la personne devant moi ne s’est pas souciée de savoir si quelqu’un la suivait à l’arrière ? Combien de fois dois-je répéter « bonjour » à certaines personnes qui sont soit dures d’oreilles, soit très sélectives dans ce qu’elles veulent bien entendre, à croire qu’une réponse leur écorcherait les lèvres ? Combien de fois ne dois-je pas me demander pourquoi l’adulte que j’ai en face de moi ne le dit pas, lui, le mot magique tant attendu ? Des parents qui ne prennent plus le temps à l’école qui n’a plus le temps ou qui n’en a pas toujours l’envie, je me dis que le monde a bien changé et que la politesse est une denrée qui se fait rare. Pourtant, c’est elle qui se veut le fondement individuel du respect collectif de la société de demain, de cette société à laquelle on veut à tout prix que les jeunes soient bien préparés. Commençons par leur donner l’exemple et disons « bonjour », « s’il vous plaît », puis merci… Vous verrez bien que ça facilite la vie.