Règlement 17

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L’article de Lise Séguin pour le Groupe des 13 dénonce le diocèse de Pembroke et demande des excuses pour l’imposition du règlement 17 dans le Pontiac. Avec raison.

L’article de Lise Séguin pour le Groupe des 13 dénonce le diocèse de Pembroke et demande des excuses pour l’imposition du règlement 17 dans le Pontiac. Avec raison. Promulgué en 1912, le règlement 17 interdisait l’enseignement du franç-ais en Ontario dans le but d’assimiler les canadiens français… Mgr Patrick Thomas Ryan administre le diocèse de Pembroke dès 1914 avant d’être nommé évêque en 1916 jusqu’à son décès en 1937. C’est une période infernale pour les franco-ontariens et les francophones du Pontiac en amont d’Ottawa jusqu’au lac Témiscamingue.
 Les autorités ont toujours blâmé “les populations locales” pour l’absence de services en français dans le Pontiac… comme si les francophones n’avaient jamais demandé de l’aide… En 2015 encore, Mgr Paul-André Durocher n’est que le dernier d’une longue liste de leaders de l’église et des gouvernements à avoir prêté sourde oreille aux demandes des francophones rejetant sur les Pontissois la responsabilité de leur ignorance et de leur sous-développement… Déni historique.
Depuis un siècle, tous les ministres de l’Instruc-tion publique et de l’Éducation du Québec ainsi que toute la hiérarchie de l’église québecoise se sont fait les lèche-bottes des évêques du diocèse de Pembroke. Au nom de
la “bonne entente”. Un siècle d’humiliations pour cette francophonie du Pontiac… Comment expliquer que Québec ait négligé de mettre en vigueur sa propre loi sur l’éducation dans le Pontiac? Comment expliquer que Québec ait fermé les yeux alors que les livres d’enseignement venaient de l’Ontario. Si le Québec vivait dans la grande noirceur, dans le Pontiac, c’était l’obscurité totale.
Outre les cardinaux et évêques québécois et les gouvernements provinciaux successifs, il y avait d’autres complices dans cette équation malheureuse: L’Église de Rome qui nommait les évêques, les loges maçonniques, le clergé irlandais catholique, les associations orangistes protestantes qui paradaient leurs arrogances le 14 juillet étaient toutes complices dans cet effort d’acculturation et d’assimilation des francophones du Pontiac et de partout au Canada. L’Acadie, le Manitoba de Riel  et toutes les écoles et collèges de l’Ouest ont subi un génocide culturel pendant que le gouvernement fédéral dormait. On cesse d’appliquer le règlement 17 en Ontario après 1927 alors que dans le Pontiac, au contraire, cette mentalité continue à faire des ravages aujourd’hui. L’Ordre de Jacques Cartier et la Société St-Jean Baptiste provoquent l’avancée des droits des francophones partout au Canada mais leur implantation dans le Pontiac est systématiquement bloquée par Mgr Smith et le clergé sous sa férule. Les
efforts héroïques du curé Archambault à l’Ile-du-Grand-Calumet vont aboutir à la construction d’une école française en 1957. Mgr Smith le démet de ses fonctions. A Fort-Coulonge, le curé Gravelle fidèle à Mgr Smith bloque l’implantation d’une caisse populaire au profit d’une credit-union et s’oppose à tout développement d’écoles françaises. Les exemples de discrimination sont nombreux. A de nombreuses paroisses à grande majorité francophone, les évêques de Pembroke imposent des curés unilingues anglais.
Le Gouvernement de l’Ontario a cru bon de s’excuser auprès des franco-ontariens pour l’adoption du règlement 17 et de ses effets dévastateurs pour la francophonie au cours du siècle dernier. Il est temps que Pembroke et Québec fassent leur “mea culpa” auprès de la francophonie du Pontiac, systématiquement négligée et oubliée des autorités depuis 100 ans.
Nous sommes fiers en Ontario que le gouvernement ait reconnu publiquement ses torts et continue à corriger le tir. Ces excuses n’ont pas entrainé de grandes flagellations ni de rétribution. Au contraire, les anglophones connaissent un peu mieux cette page d’histoire qu’il fallait exposer et les francophones ont le sentiment d’être davantage respectés.

 Marc Ryan
Embrun, On