Toute la vallée de l’Outaouais approche à grands pas du 31 mai et des « consultations finales » sur le projet du dépotoir radioactive d’un million de tonnes à Chalk River.
De notre côté de la rivière, le consensus est fort au sein du public et de nos dirigeants politiques contre le projet. Du côté ontarien, où l’opinion publique semble moins hostile mais toujours négative, les dirigeants municipaux de l’Ontario soutiennent le projet. Pourquoi ?
Ils apprécient — ont besoin ! — les emplois qu’offre CNL.
Confondent-ils l’ensemble du complexe de Chalk River avec la dépotoir toxique ? Les niveaux d’emploi actuels de CNL ne semblent pas menacés ; ces emplois existent et continueront d’exister avec ou sans le dépotoir. Il est vrai que la dépotoir va créer des emplois. Mais est-ce une raison suffisante pour accepter ce projet – avec sa durée de vie de plusieurs milliers d’années, et ses dangers immédiats de fuites dans le bassin versant qui alimente Ottawa et Gatineau et la plupart des autres villes le long de la rivière, ou la possibilité de dommages causés par les secousses des lignes de faille, les inondations, les tornades ou le terrorisme ?
Examinons l’argument des « emplois ». Est-il acceptable pour nous de permettre n’importe quoi tant que cela crée des « emplois » ? N’importe quoi ? Il semble que les partisans de la dépotoir le croient, ils le disent… vraiment ? Soutiendraient-ils un mouvement, disons, pour légaliser la prostitution — parce que cela créerait des emplois ? Ou seront-ils favorables à ce que leurs jeunes deviennent des mercenaires militaires à louer ? Des emplois très bien rémunérés là-bas !
Vous voyez l’idée. Si les « emplois » sont une raison pour quelque chose d’aussi dangereux qu’une décharge radioactive de 300 000 ans, les « emplois » justifieraient sûrement la prostitution, ou les mercenaires ? Oui, la prostitution!
C’est un argument, non pas pour légaliser la prostitution, mais pour savoir où nous ne voulons pas aller. Nous avons besoin d’emplois, nos familles ont besoin de moyens de subsistance et notre économie locale a besoin de leurs dépenses. Pourtant, puisque cette dépotoir est un projet fédéral, pourquoi ne pas exiger à la place un investissement similaire de la part des fédéraux dans des emplois propres et sûrs dans notre région ? Ce dépotoir est un échec d’intelligence et d’imagination.
L’investir dans quoi ? Notre sylviculture a été si mal gérée qu’elle n’est plus qu’une industrie de niche ! Pourquoi ces investissements ne peuvent-ils pas aller à Chalk River, mais investis dans le vrai problème : comment traiter les déchets radioactifs ? De telles installations d’essai nécessiteront des sommes importantes – et tout cela fournira plus d’emplois que ceux qui existent actuellement à Chalk River. Ou pourquoi pas une université ici pour enseigner et faire des recherches sur les ressources locales ? Ou des stations pour la recherche et la production de poissons d’eau douce ou d’arbres spécialisés ?
Chalk River et notre arrière-cour ne sont pas des endroits pour des millions de tonnes de déchets de faible ou de haute radio-activité, pas plus qu’un endroit pour la prostitution légale ! Il est temps que les maires et les conseils municipaux de nos voisins – et le gouvernement fédéral – y réfléchissent à deux fois.