Pour le registre, pour la santé mentale

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Une nouvelle étude de l’Université du Texas vient perturber le principal argument du nouveau mouvement « Contre le registre, pour la santé mentale ». Ce dernier demande au gouvernement Legault de laisser tomber le registre des armes à feu et d’investir plutôt ces sommes en santé mentale.

Une nouvelle étude de l’Université du Texas vient perturber le principal argument du nouveau mouvement « Contre le registre, pour la santé mentale ». Ce dernier demande au gouvernement Legault de laisser tomber le registre des armes à feu et d’investir plutôt ces sommes en santé mentale.
L’étude conclut que « contrairement à la croyance populaire, la majorité des symptômes de santé mentale ne sont pas liés à la violence armée. C’est plutôt l’accès aux armes à feu qui est le principal facteur responsable. »
Les personnes ayant accès aux armes à feu étaient 18 fois plus susceptibles d’avoir menacé quelqu’un avec une arme à feu comparativement à celles sans accès.
Par ailleurs, la plupart des symptômes de santé mentale n’étaient pas associés à la violence armée. « Le fait de limiter l’accès aux armes à feu, peu importe l’état de santé mentale, est la clé pour la réduction de la violence armée », confirme le Dr Jeff Temple, professeur à l’unité médicale de l’Université du Texas et coauteur de l’étude.
Selon Statistique Canada, seulement 15 % des homicides sont commis par une personne ayant des troubles mentaux, et parmi les 120 000 homicides par balles aux États-Unis entre 2001 et 2010, moins de 5 % ont été perpétrés par
des personnes atteintes de maladies mentales.
Dans le cas du suicide, le contexte n’est pas tout à fait le même, le suicide étant nécessairement relié à un état de détresse, mais l’accès aux armes à feu demeure un facteur déterminant. La grande majorité de ceux qui tentent de s’enlever la vie changeront d’avis après avoir amorcé une tentative de suicide: ils se forceront à vomir les médicaments, ils tenteront de bloquer l’hémorragie, ils composeront le 9-1-1. Parmi ceux qui survivent une première tentative, seulement 10 % vont en faire une autre.
Lorsqu’une personne manifeste des symptômes de suicide ou se comporte de manière menaçante pour autrui, les autorités peuvent procéder au retrait préventif des armes à feu. L’enregistrement des armes peut faire toute la différence, en fournissant aux policiers la liste précise des armes que les policiers doivent repérer et retirer.
Le registre québécois ne coûtera que 60¢ par citoyen par année (5 M$ par an) – un montant minuscule comparativement aux bénéfices qu’il entraînera pour la sécurité publique.
C’est aussi un montant nettement insuffisant pour faire une véritable différence
au niveau de la crise de la santé mentale, dont le budget général se chiffre à 1,3 milliard $. La gamme des améliorations et investissements nécessaires requiert beaucoup plus que l’équivalent du coût du registre québécois, qui correspond à peine à 0,3 % de ce budget, soit même pas assez pour compenser l’inflation.
Il y a deux ans, en plein débat menant à l’adoption de la Loi sur l’immatriculation des armes à feu au Québec, le gouvernement avait annoncé une augmentation du budget pour la santé mentale de 27 millions $, sans susciter la moindre réaction positive des opposants au registre.
Pas de commentaires non plus face à l’augmentation de 35 millions $ prévue pour les trois années subséquentes.
Il semble que l’enthousiasme de certains pour des investissements en santé
mentale émerge uniquement dans le contexte très pointu d’une campagne d’opposition à l’enregistrement des armes à feu.

Heidi Rathjen