Allyson Beauregard
MRC DE PONTIAC ET PONTIAC – Les Laboratoires nucléaires canadiens (LNC) annonçaient, le 26 octobre dernier, qu’ils n’enfouiraient pas les déchets radioactifs
Allyson Beauregard
MRC DE PONTIAC ET PONTIAC – Les Laboratoires nucléaires canadiens (LNC) annonçaient, le 26 octobre dernier, qu’ils n’enfouiraient pas les déchets radioactifs
« les plus toxiques » dans le site proposé d’Installation d’élimination à proximité de la surface (IEPS) à un kilomètre de la rivière des Outaouais à Chalk River.
« Les déchets dans cette Installation vont être conformes aux normes établies par l’Agence internationale d’énergie nucléaire (AIEN) », annonçaient les LNC dans une déclaration émise en ligne. Les déchets radioactifs de moyenne activité vont continuer à être entreposés aux installations des LNC jusqu’à ce qu’une « solution d’élimination à long terme ait été développée et approuvée ».
Selon Patrick Quinn, responsable des communications aux LNC, ce changement de procédure a été rendu nécessaire à cause des commentaires du public et de professionnels du milieu.
La plus grande partie (90%) des déchets qui seront placés dans l’Installation proviendront du matériel contaminé qui se trouve déjà sur place, leg de plusieurs années d’opération aux LNC, et du démantèlement de bâtisses et de structures contaminées. D’autre matériel proviendra d’autres sites et les critiques s’inquiètent de l’absence de mécanisme d’inspection de ce matériel.
« Une petite victoire »
Johanne Echlin de l’Association Old Fort-William Cottagers à Sheenboro se disait heureuse que la voix des citoyens ait été prise en compte : « Les déchets de moyenne activité sont censés (selon l’Agence) être déposés dans des cavernes souterraines », expliquait-elle, ajoutant qu’il y a encore plusieurs changements qui sont essentiels pour que ce projet puisse être acceptable.
La Sentinelle de la rivière des Outaouais et l’association Concerned Citizens of Renfrew County and Area (CCRC) sont d’accord avec cette
affirmation. « Cette marche arrière (des LNC) démontre clairement le pouvoir de
l’implication et des manifestations des citoyens. Ce projet présente encore plusieurs aspects qui nous inquiètent : cette annonce ne mentionne aucun changement à la technologie qui a été proposée ni à l’emplacement de l’Installation trop près de la rivière », déclarait la Sentinelle.
Selon le Dr Ole Hendrickson de la CCRC, les déchets classés « de faible intensité » le sont parce qu’on peut les manipuler sans l’aide de robots ou d’équipements spéciaux, mais ils peuvent encore contenir des matériaux dangereux et toxiques comme le plutonium, le neptunium et l’americium, qui ont des durées de vie extrêmement longues, beaucoup plus longues que la membrane
protectrice prévue par les promoteurs de l’Installation. M. Quinn a confirmé que des radionucléides de longue durée de vie font encore partie de l’inventaire des matériaux à être enfouis dans l’Installation.
Prochaines étapes
Plus de 200 commentaires avaient été soumis aux LNC et à la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) au cours de la période de consultation publique qui se terminait à la fin août 2017 et ces commentaires ont été mis
en ligne. Au cours des prochaines étapes, les LNC doivent répondre à ces
commentaires et, s’ils satisfont aux exigences de la CCSN, mettre à jour leur Étude d’impact environnemental et reprendre les consultations publiques.
Au cours d’une consultation publique tenue à Sheenboro le 2 octobre dernier (deux autres consultations ont eu lieu à Pembroke et à Deep River), les représentants de la CCSN ont affirmé, en privé, que le projet des LNC ne serait pas approuvé tel que présenté. Plus de 27 personnes et groupes de citoyens ont demandé que des consultations additionnelles soient organisées dans d’autres secteurs le long de la rivière des Outaouais, mais ces demandes ont été refusées. Des citoyens d’aussi loin que Montréal et Laval avaient demandé qu’on leur donne la chance de présenter leurs commentaires. Dans le Pontiac, tous les candidats au poste de préfet élu se sont dit opposés au projet « dans sa forme actuelle ».
Meilleure solution
Les groupes de citoyens plaident pour une installation moderne, comme celles qui sont en train d’être construites en Finlande et en France. Ces nouvelles installations se trouvent dans des cavernes souterraines dans des formations rocheuses stables. Ces groupes suggèrent que les LNC envisagent la possibilité
d’utiliser les terrains de plus de 70 000 acres adjacents au Laboratoires et dont le Gouvernement fédéral est propriétaire. « Avec une meilleure localisation, loin de la rivière et dans une formation rocheuse stable, nous serions prêts à appuyer ce projet et la construction d’une installation dont le Canada pourrait être fier », concluait le Dr Hendrickson.
(LT)