Mansfield demande une enquête sur la gestion des barrages C’est la faute de Mère Nature, disent Hydro-Québec et la CPRRO

0
148

Allyson Beauregard

MANSFIELD – Le Conseil a adopté à l’unanimité le 8 mai une résolution demandant une enquête indépendante sur le système de gestion

Allyson Beauregard

MANSFIELD – Le Conseil a adopté à l’unanimité le 8 mai une résolution demandant une enquête indépendante sur le système de gestion
des rivières, y compris des barrages et des réservoirs. Le maire Gilles Dionne se demandait si la mauvaise gestion était en partie responsable du nombre de résidents qui ont été touchés par les inondations de cette année, ainsi qu’en 2017. « Nous ne pouvons pas blâmer Mère Nature. C’est la troisième fois en trois ans que cela nous arrive sur la rivière Coulonge et la seconde pour la rivière des Outaouais », a-t -il dit.
Les niveaux d’eau des rivières Ottawa et Coulonge ont atteint les niveaux les plus élevés jamais enregistrés cette année dans la MRC de Pontiac et la Municipalité de Pontiac, ce qui a conduit à l’évacuation de nom breux résidents de
 leur résidence principale. À Mansfield seulement, plus de 365 résidences ont été touchées et plus de 225 personnes ont été évacuées.
Une résolution similaire a été adoptée par la MRC de Pontiac (voir page 9), où de nombreux maires ont fait écho aux préoccupations de M. Dionne au sujet de la mauvaise gestion, en particulier avec les photos qui circulent
montrant de bas niveaux d’eau en amont. « La population a vraiment demandé que [cela soit examiné]. Nous ne cherchons pas à pointer du doigt, nous avons simplement besoin de réponses et voulons éviter que cela ne se reproduise », a ajouté le maire Dionne.
Selon Michael Sarich, ingénieur senior des ressources en eau à la Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais (CPRRO) et Francis Labbé, conseiller médias à Hydro-Québec, les importants volumes de pluie et la neige sont certainement à blâmer.
« C’est très troublant de voir des niveaux aussi élevés, mais ce n’est pas sans précédent. Le pic atteint à Pembroke n’était que de 1cm supérieur à celui de1960 et de 2cm supérieur à celui de1928. Ces situations ont été [vécues auparavant] », a expliqué M. Sarich, qui a noté que les mesures n’avaient commencé dans la région de Coulonge qu’en 1972.
« Nous pouvons établir une assez bonne corrélation entre les deux endroits [qui sont très proches] et il y aurait eu des inondations très similaires », a-t-il ajouté.
Selon M. Sarich, la majorité de l’eau au printemps provient de ruissellement naturel, pas des réservoirs, qui, selon M. Labbé, ne peuvent contrôler qu’environ 40% du volume d’eau. Il n’y a pas de barrages ni de réservoirs sur la rivière Coulonge, ce qui, selon M. Sarich, démontre la quantité de ruissellement naturel de ce printemps.
Peuvent-ils faire mieux ?
Selon M. Sarich, il n’existe aucun moyen facile de prévenir de nouvelles inondations graves à l’avenir. « Nous pouvons dire que nous voulons plus de capacité de réservoir, mais où faisons-nous cela? Nous pourrions mettre un grand réservoir sur la Dumoine, mais c’est une zone où les gens profitent de la nature. Les choix sont très difficiles de nos jours. Ce n’est pas facile de trouver des solutions. À bien des égards, la société et les hommes politiques doivent en débattre », a-t-il expliqué, soulignant que les régulateurs de cours d’eau et les exploitants de barrages ne pouvaient rien faire de plus pour lutter contre ce problème.
« Les réservoirs sont vidés à la fin de mars et à partir de là, nous disposons d’une quantité limitée de stockage qui est utilisé judicieusement au bon moment pour essayer de contrôler autant que possible les augmentations ultérieures de la crue ”, a conclu M.Sarich, qui a déclaré que la situation serait bien pire si le système de gestion de la rivière n’était pas en place.
M. Labbé a souligné que, contrairement à des réservoirs, les centrales ne peuvent pas contenir de l’eau en amont. « Nous gérons nos installations afin de limiter l’impact sur les populations, mais avec de telles quantités de neige et de pluie, il est difficile de faire plus que ce que nous faisons déjà », a-t-il conclu.
Les gouvernements du Canada, du Québec et de l’Ontario ont créé la CPRRO (Commission de planification de la régularisation de la rivière Outaouais) en 1983 dans le but « d’assurer une gestion intégrée des principaux réservoirs du bassin versant de la rivière des Outaouais et de ses affluents », d’assurer une protection contre les inondations et de préserver les intérêts des utilisateurs, notamment les producteurs hydroélectriques.
Les agences qui composent la CPRRO sont les ministères de l’Environ-nement du Québec et de l’Ontario, Hydro-Québec, Ontario Power Generation, Environnement Canada, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada
et la Garde côtière canadienne.                      (Tr. LT)