André Macron
André Macron
On connaît tous l’importance et l’implication du système éducatif, de la santé et des commerces de la région et personne ne les remet en question. Le secteur agricole, un moment laissé pour compte, semble, lui aussi, se porter mieux. Il y a deux ans de cela, lors de la terrible sécheresse qui frappait l’Outaouais, personne n’aurait cru qu’il se relèverait ainsi. Mais aujourd’hui, avec les nombreux investissements qui y sont consacrés, de bons prix et l’intérêt renouvelé des instances pour le secteur, il en ressort un peu plus fort. Il reste que les changements sont importants et que des petites fermes, il y en a de moins en moins, avec les conséquences que cela entraîne pour notre économie locale.
Finalement, le secteur forestier, traditionnellement le bastion historique et économique de la région, ne semble pas pouvoir relever les mêmes défis que l’agriculture. Il faut dire qu’il ne bénéficie pas du même coup de pouce non plus. Au niveau privé, le secteur forestier est délaissé au profit d’investissements en vase clos des instances. Proportionnellement aux superficies forestières à aménager, les investissements gouvernementaux en forêt privée au Pontiac sont les plus faibles de toute la province de Québec. Qu’en reste-t-il aujourd’hui, après plus de 150 ans d’histoire, après que nos forêts aient été le moteur économique du Pontiac ?
En Scandinavie, le secteur forestier, qui ne représente en fait qu’un dixième de la capacité du secteur forestier québécois, s’en sort beaucoup mieux. Quelles en sont les raisons ? Là-bas, les forêts privées contribuent pour 90 % des volumes transformés par l’industrie primaire contre 10 % pour les forêts publiques; ici, au Québec, les proportions sont inversées. Là-bas, le secteur forestier est mis en valeur et les pratiques sylvicoles s’étendent à l’échelle du pays. Là-bas, en matière de régénération forestière, on ne se contente pas de laisser quelques arbres ensemenciers par-ci par-là en guise de palliatifs aux coupes les plus sévères.
Loin de dévaloriser leurs boisés, les Scandinaves sont fiers d’attirer les gens de tous les pays du monde, y compris de nombreux Québécois partis en stage là-bas, pour observer ce qui se fait de mieux en matière de préservation du capital forestier. Combien de Québécois savent-ils, pour s’y être promenés, ce qui se passe vraiment dans nos forêts publiques ?
Pourtant, en termes d’exploitation, c’est bien avec nos forêts publiques, et non avec les forêts de l’étranger, que les forêts privées d’ici sont en compétition. En 2013, le nouveau régime forestier, mis en place après maintes réflexions, devait assurer aux producteurs un équilibre pour la vente du bois, selon un principe de mise aux enchères à un prix équitable et plus proche de celui du marché et selon un principe de résidualité de l’utilisation des forêts publiques. Dans notre région, les instances publiques respectent-elles ce principe ?
Le secteur forestier public dispose de moyens considérables, sans pour autant subir l’ensemble des charges que les forêts privées sont obligées d’assumer. Et pourtant, tout comme les petits fermes d’autrefois, ce sont les petits producteurs privés qui font vivre notre localité en envoyant leurs enfants à l’école, en faisant travailler les commerces de proximité. Ils participent activement à l’économie d’ici, sans doute bien plus que ces géants du public, mais le profit immédiat les étrangle aujourd’hui et les empêchera peut-être de survivre à demain.