Domanique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist
Domanique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist
Le 3 mars 2019, le Centre hospitalier du Pontiac ne pouvait effectuer de chirurgies urgentes tout simplement parce qu’il n’y avait pas de chirurgien de garde. Les patients qui devaient être opérés d’urgence devaient dès lors être transférés vers les centres de traumatologie les plus proches. On peut supposer qu’il s’agissait alors des centres de traumatologie de Gatineau, près d’une centaine de kilomètres plus loin.
Quelques mois plus tard, soit le 2 août 2019, la situation, qualifiée alors
d’exceptionnelle, serait similaire, mais soyons rassurés : une ambulance avait été ajoutée durant cette période pour le transfert des femmes enceintes qui nécessitaient des soins d’urgence.
Le matin du 18 octobre 2019, la nouvelle tombait à nouveau: les femmes enceintes qui accoucheraient entre 8 heures, ce vendredi-là et 8 heures, le lundi matin suivant, seraient redirigées vers l’Hôpital de Gatineau puisque cette fois-là, c’était les infirmières spécialisées en obstétrique qui n’étaient pas présentes en nombre suffisant… pour la quatrième fois dans le courant du mois. Chanceux qu’il n’y ait eu aucune urgence… puisque du côté des hôpitaux de Hull et de Gatineau, soit
environ une heure de trajet plus loin, le taux d’occupation des civières était de 92 % à l’Hôpital de Hull et de 171 % à l’Hôpital de Gatineau (le 19 octobre à 6 h 28). Mais nous aurions été malchanceux d’avoir un problème de santé important à ce moment-là puisque seulement le 18 octobre, à 10 heures, ce taux d’occupation était de 196 % et de 177 % respectivement pour les mêmes hôpitaux. La question n’est donc plus de savoir vers quel hôpital le plus proche nous envoyer, mais bien vers quel hôpital le plus proche, capable de nous accueillir et de nous soigner, nous envoyer en cas d’extrême urgence.
Pendant ce temps, le CISSSO, dont il est, malgré tout, très difficile de retrouver une
déclaration quelconque sur la situation, revoit son offre alimentaire (et là aussi, il semble y avoir quelques ratés) et se veut rassurant; vous allez devoir me faire confiance là-dessus, alors que je me rappelle avoir entendu sur les ondes de Radio Canada de la bouche de quelqu’un du CISSSO lui-même, que cela ne jouait pas sur la sécurité des patients (je crois que je préfère le terme
« patient » que « client » parce qu’il me semblait que lorsque nous étions encore des patients, on nous traitait comme des êtres humains, et non comme de simples numéros).
En toile de fond d’une campagne électorale nationale entre deux chefs qui se
salissent mutuellement, les enjeux locaux non réglés, même s’ils sont de juridiction provinciale, sont ceux qui retiennent mon attention, parce qu’il me semble qu’un pays, tel que le Canada, qui n’est pas capable d’offrir à une bonne partie de ses citoyens ce dont ils ont cruellement besoin, a des questions à se poser avant d’être accusé de non-assistance à une personne en danger.