Le débat sur la valorisation énergétique des déchets s’intensifie

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Crystal Dubeau et Lynne Lavery

MRC DE PONTIAC – Le conseil municipal d’Otter Lake, le 11 juillet dernier, a voté à l’unanimité un « NON » au projet la valorisation énergétique des déchets, proposé par la préfète Jane Toller et approuvé par le Conseil des maires de la MRC. La conseillère Jennifer Quaile a déclaré :

« Je m’oppose fermement à cette motion. Au cours de la dernière année, j’ai été la représentante d’Otter Lake au sein du comité de gestion des matières résiduelles de la MRC de Pontiac et [à mon avis] les usines d’incinération des ordures sont une mauvaise idée. Elles sont polluantes, coûteuses et inefficaces. Leurs émissions toxiques se sont avérées extrêmement dangereuses… y compris les oxydes nitreux, les dioxines et le mercure qui peuvent causer le cancer, des dommages à la reproduction et des malformations congénitales. Les cendres résiduelles laissées après la combustion sont également extrêmement toxiques et, à ce jour, il n’existe aucun moyen sûr de les éliminer entièrement. »

Le conseiller Robin Zacharias a également commenté : « L’usine de Durham-York Coventa, que les maires et la directrice générale du Pontiac ont visitée en novembre dernier, a connu un certain nombre d’événements où les limites de dioxine ont été dépassées, dont une à près de 14 fois la limite permise.

Il y a un écart important entre ce qui, selon la direction, ira à la décharge (3 % des déchets traités) et l’expérience de Durham-York (environ 30 % des déchets traités). Cette différence équivaut à environ 100 000 tonnes par an, soit 24 fois la quantité que Pontiac envoie aujourd’hui. »

Le forum en ligne soulève d’autres questions

Le maire de Shawville, Bill McCleary, a lancé un forum en ligne, adressé aux « résidents de la MRC », le 22 juillet, déclarant : « Mon conseil et moi-même avons subi beaucoup de pression car nous soutenons un projet de alorisation énergétique des déchets… En tant que municipalité, nous croyons au projet, mais [il n’y aura] pas de décision finale tant que nous n’aurons pas entendu toutes les parties. »

Le forum a vu une variété de points de vue, allant de positifs à négatifs à ceux qui demandent plus d’informations.  Les préoccupations communes incluent également l’impact sur les entreprises touristiques du Pontiac, l’environnement naturel et la santé des citoyens.

Quelques réponses

La préfète, Jane Toller a répondu aux préoccupations du conseil d’Otter Lake. « Il y a beaucoup de propagande et de peur basée sur l’incinération à l’ancienne. En 2016, il y a eu au moins une fois pendant le démarrage [de Durham-York], il y a eu une légère augmentation de la quantité libérée, ce qui est typique, mais elle a été rapidement ajustée et réglementée. Je fais des recherches pour voir s’il y a d’autres incidents. Les lignes directrices A7 de l’Ontario font l’objet d’une surveillance très étroite. La surveillance est effectuée par un tiers. À tout moment, le public peut voir les lectures. S’il y avait eu le moindre risque de dommages environnementaux, ils auraient été fermés. Il y a un groupe de citoyens actifs qui sont aussi des chiens de garde qui sont en communication tout le temps. »  Elle n’a pas répondu aux questions sur l’augmentation des « déchets résiduels » laissés après l’incinération.

Le forum a soulevé d’autres questions, notamment le fait que le Québec ne permet pas l’introduction de déchets dans la province. Mme Toller a dit comprendre que « si les déchets municipaux de l’Ontario sont acheminés vers des sites d’enfouissement au Québec, ce n’est pas permis parce que nous n’avons pas la capacité, mais si les déchets sont transformés pour créer de l’énergie, comme les valorisations énergétiques des déchets, c’est permis ». Elle a ajouté que le vendredi 14 juillet, elle, ainsi que la directrice générale de la MRC, Kim Lesage, coordonnatrice de l’environnement, Kari Richardson et Jason Durand, directeur de l’aménagement du territoire, ont tenu une vidéoconférence avec un « conseiller du cabinet du Québec », leur montrant la présentation pour le projet .  « Ils nous ont informés que, parce que les déchets municipaux étaient transformés en énergie et produisaient de l’électricité, ils pouvaient être acheminés à l’incinérateur depuis l’Ontario. Ils ont également dit qu’il y a des fonds disponibles du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques (MELCCC) et ils conviennent pour notre projet de lutte contre les changements climatiques ainsi que la production d’électricité et de vapeur nécessaires. »

Mme Toller a conclu : « À partir de 2010, avant que je ne sois préfète, un vote unanime a eu lieu pour accueillir une installation de la valorisation énergétique des déchets. Nous discutons de ce projet depuis 2017. Une fois le plan d’affaires terminé, nous aurons les informations nécessaires pour voir les coûts, les tonnages, les distances, les revenus, etc. et pendant l’évaluation environnementale, nous entendrons le point de vue du public. »

Le début d’un long processus

Le maire McCleary a ajouté : « Le conseil de Shawville a appuyé la motion il y a des mois. Ce que les opposants ne semblent pas comprendre, c’est que ce n’est que le début du processus ; il y a beaucoup d’étapes à franchir. »  Robin Zacharias, du conseil d’Otter Lake, a déclaré :

« Je soutiens la recherche de solutions à la gestion des déchets. Cependant, cette résolution est prématurée et beaucoup de travail est nécessaire avant qu’une décision éclairée concernant une valorisation énergétique des déchets dans le Pontiac puisse être prise. »