Lors de la récente réunion de l’Assemblée générale de l’Assemblée des Premières Nations à Halifax, une résolution a été adoptée demandant une réunion urgente avec le gouvernement fédéral pour discuter du transport et de l’élimination des déchets nucléaires et, en particulier, des plans pour un énorme dépotoir de déchets radioactifs en
surface (IGDPS) sur le territoire algonquin non cédé près de la Kichi Sibi (rivière des Outaouais).
La résolution a été présentée par le chef de la Première Nation de Kebaowek, Lance Haymond. Kebaowek est l’une des onze Premières Nations algonquines dont les
peuples vivent dans le bassin versant de la rivière des Outaouais depuis des temps
immémoriaux. Une solide éthique de gérance environnementale fait partie de la vision du monde des Algonquins Anishinaabe et ils considèrent qu’il est de leur responsabilité de protéger la terre et l’eau pour toute vie et les générations futures. La réserve de la Première Nation de Kebaowek est située près de Kipawa, au Québec, mais les membres de la communauté ont des droits autochtones inhérents dans l’ensemble du bassin versant de la rivière des Outaouais et pratiquent ces droits dans la région où se trouvent les Laboratoires de Chalk River.
La résolution de l’Assemblée des Premières Nations attire l’attention sur la politique de consultation inadéquate de la Commission canadienne de sûreté nucléaire sur le projet de dépotoir de déchets nucléaires ainsi que sur les plans d’un nouveau réacteur nucléaire et d’installations d’expérimentation de combustible nucléaire sur le site de Chalk River. Il met l’accent sur les obligations du Canada en vertu de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), en particulier l’article 29 qui stipule que : « Les États prennent des mesures efficaces pour veiller à ce qu’aucun stockage ou élimination de matières dangereuses n’ait lieu sur les terres ou territoires des peuples autochtones sans leur consentement préalable, libre et éclairé ». Le 3 août 2023, à la suite de l’adoption de la résolution par l’Assemblée générale de l’APN, le chef Haymond a envoyé une lettre urgente au premier ministre Justin Trudeau, demandant l’abandon des plans visant à établir l’énorme décharge de déchets radioactifs en surface.
Dans sa lettre au premier ministre, le chef Haymond souligne que la Kichi Sibi revêt une immense importance spirituelle et culturelle pour les communautés algonquines et qu’il est au cœur de leurs terres ancestrales non cédées.
La lettre souligne également le problème avec la NSDF proposée en déclarant: « Nous sommes fermement convaincus que la CCSN ne devrait pas envisager une installation
permanente de gestion des déchets près de la surface aussi près de la rivière des Outaouais. Les études du promoteur démontrent que l’installation fuirait pendant l’exploitation et après la fermeture. Les experts affirment que le projet n’est pas conforme aux normes de sécurité internationales et que l’approbation de l’installation placerait le Canada en violation de ses obligations conventionnelles internationales.
« L’opposition à ce projet ne se limite pas aux communautés autochtones. En fait, plus de 140 municipalités du Québec et de l’Ontario, dont Gatineau et Montréal, ainsi que plusieurs organisations de la société civile, ont exprimé leurs préoccupations, la Ville d’Ottawa exprimant son malaise dans une résolution adoptée en 2021.
L’audience finale sur la délivrance de permis de l’IGDPS aura lieu le 10 août 2023. Les Premières Nations de Kebaowek, Kitigan Zibi Anishinabeg et de Barriere Lake tiendront une réunion publique à Ottawa pour faire leurs présentations finales à la Commission canadienne de sûreté nucléaire. L’audience sera diffusée sur le Web par la CCSN à http://nuclearsafety.gc.ca/eng/the-commission/webcasts/index.cfm
Lynn Jones
Citoyens inquiets du comté et de la région de Renfrew