La scierie Résolu refuse le bois des forêts privées

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André Fortin a partagé un bon moment avec les acteurs importants du secteur forestier. Le candidat du Parti libéral pense que la foresterie a encore un rôle à jouer dans le Pontiac. (André Macron)

André Macron



André Fortin a partagé un bon moment avec les acteurs importants du secteur forestier. Le candidat du Parti libéral pense que la foresterie a encore un rôle à jouer dans le Pontiac. (André Macron)

André Macron

SHAWVILLE, le 26 mars 2014 – André Fortin, candidat libéral dans le Pontiac, est venu rencontrer, le 26 mars dernier, les producteurs forestiers. Ceux-ci lui ont fait part de leurs inquiétudes.
Le directeur de l’Office des producteurs de bois du Pontiac, M. Michel Léonard, et des producteurs actifs de la région lui ont ainsi expliqué comment le système de mise en marché du plan conjoint fonctionne sur la base d’un regroupement de 3500 propriétaires forestiers dans le Pontiac qui doivent obligatoirement passer par l’Office pour mettre leur bois en marché.
Les producteurs de bois privés paient à l’Office un prélevé sur les ventes. Elles servent à l’administration du plan conjoint, aux activités de négociation et de mise en marché collective, à la répartition des parts de marché entre producteurs, à la coordination et à la péréquation du transport et finalement qui sert aussi à garantir le paiement des producteurs dans le cas où les acheteurs n’effecturaient plus leurs paiements, ce qui s’est déjà vu par le passé. Avant la crise, selon Michel Léonard, il y avait 400 à 450 producteurs actifs dans le Pontiac alors qu’à l’heure actuelle, leur nombre a diminué à 150.
Les défis pour l’industrie forestière sont importants, mais pas insurmontables. En effet, le marché de la construction domiciliaire reprend chez nos voisins du sud. Confrontés aux conditions hivernales exceptionnellement difficiles de l’année, les scieurs américains ont ralenti leur production en cours de saison; certains détaillants font maintenant face à une pénurie de l’offre locale. Ils achèteraient des volumes additionnels en provenance du Canada. Il y a donc de nouvelles ouvertures.
Cependant, cet espoir bien réel est terni par l’un des problèmes majeurs des producteurs de bois privés du Pontiac : le bois des forêts privées doit rivaliser, sur les marchés, avec celui des forêts publiques vendu aux usines pour des sommes inférieures aux prix négociés par les organismes de producteurs. Si l’on compare les bénéfices réalisés lors de la vente du bois issu des forêts privées du Pontiac avec les taxes foncières et les coûts de production que les producteurs sont obligés de payer, le jeu n’en vaut plus la chandelle. Les profits, ayant diminué de moitié par rapport à l’année 2004, ne sont tout simplement plus suffisants. 
Avec les coûts du gasoil et du matériel qui augmentent, avec les pratiques de mise en marché du bois des forêts publiques qui entraînent les prix à la baisse, les conditions de vente des producteurs privés ont peu évolué depuis la crise du bois d’œuvre. Le prix du résineux a même reculé de 17 % en 10 ans tandis que les coûts d’opération et de transport ont augmenté. Les Américains ont utilisé l’excuse de la compétition déloyale et du « dumping » des forêts publiques du Canada pour imposer des droits compensatoires aux frontières, ce qui pénalise grandement les industriels exportateurs canadiens. Les Américains protègent ainsi les scieurs et les propriétaires de forêts privées qui exploitent leurs boisés là-bas.
Les producteurs de forêts privés du Canada risquent donc d’y perdre par deux fois, une première fois en raison des prix des ventes de bois qui leur sont versés par les transformateurs québécois. Une deuxième fois en raison du risque qu’ils encourent de se voir fermer au nez les portes des frontières, avec le milliard de dollars de répercussions que cela aurait sur l’économie canadienne.
« Étant une région isolée, cette concurrence déloyale des forêts publiques et municipales nous dessert fortement », déclarait, au cours de cette rencontre, M. Roy Hérault, directeur de l’Office des producteurs de bois du Pontiac pour le secteur Litchfield. En 2013, l’Office a vendu seulement 92 000 m3 de bois récoltés sur forêts privés alors qu’en ne prenant que les tiges matures et décroissantes, ce sont 500 000 m3 de bois que l’on pourrait produire, sans aucune menace pour      l’environnement ou pour la pérennité de nos boisés.
Dans le Pontiac, force est de constater que le   nouveau régime forestier ne fonctionne pas puisque le bois en provenance des forêts publiques est vendu aux usines à des sommes tout à fait dérisoires. Comme pour confirmer ces dires, M. Claude Gravel, l’un des entrepreneurs de la région, mentionnait encore qu’il était insoutenable de continuer à payer plus       les employés, plus cher le gasoil et l’équipement nécessaire et tout cela, avec des profits bien moindres que ce qu’ils étaient il y a de cela vingt ans.
Actuellement, le secteur forestier du Pontiac fait la Une de quelques journaux régionaux ou locaux alors que la scierie Résolu de Maniwaki menace de    mettre à pied bon nombre de ses travailleurs. Michel Léonard nous dresse pourtant le portrait d’une         situation quelque peu      différente de celle exposée dans les médias qui       prennent un peu rapidement parti pour l’entreprise qui semble éprouver        certaines difficultés.
Selon M. Léonard, la   scierie Résolu manipule l’opinion publique. Cet acheteur a ouvert ses portes au bois des boisés privés seulement 10 mois au total au cours des deux dernières années. Alors que l’entreprise envoyait une lettre à l’Office des producteurs de bois privés du Pontiac leur stipulant qu’elle refusait de prendre leur bois, elle évoque dans les médias des problèmes d’approvisionnement qui pourraient mener à la perte d’emplois de nombreux travailleurs. En fait, Résolu prend le gouvernement en otage, tentant de le forcer à lui vendre du bois d’épinettes en provenance des forêts publiques à prix réduits et refusant, de l’autre côté, de s’approvisionner auprès des producteurs de bois privés au juste prix.
Ces tergiversations n’ont pas lieu d’être puisqu’en ce moment en plus, les industries de sciage encaissent des profits. Le prix du 2×4  a augmenté de 50 % au cours de la dernière année et le cours du dollar canadien oscille autour de 90 sous US, soit 11 sous de moins que l’année passée, ce qui favorise les exportateurs canadiens et leur rapporte des profits plus importants qu’ils ne l’étaient auparavant. Il n’y a donc aucune raison valable qui justifierait d’empêcher les producteurs de bois privés de livrer leur bois, mis à part l’avidité des     utilisateurs transformateurs et celle d’un profit encore plus grand pour les actionnaires de multinationales.
M. Roy Hérault concluait finalement qu’entre le secteur public et le secteur privé, il n’y a plus aucune concertation.
Avant, le secteur public consultait les acteurs privés lorsqu’il délivrait des      contrats et garanties      d’approvisionnement afin de s’assurer de la justesse et de la stabilité du marché. Aujourd’hui, alors que le bois des forêts publiques se vend à des sommes dérisoires, 1 $ la tonne, le gouvernement du Québec octroie les contrats        d’approvisionnement sans aucune concertation préalable du milieu des producteurs de bois privés.
La situation étant pire que ce qu’elle était auparavant, les trois requêtes adressées aux instances politiques, et à M. André Fortin pour l’occasion, comprennent une compétition plus juste (respectant notamment le principe de résidualité), un programme de remboursement de taxes efficace et plus de fonds pour la sylviculture. M. André Fortin semblait à l’écoute alors qu’il comprenait toute l’importance du secteur forestier dans une région telle que le Pontiac et des enjeux auquel il doit faire face aujourd’hui.