La santé : une question de confiance !

0
165

Dominique Bomans


Dominique Bomans

Il y a un mois, nous apprenions que si les urgences du Québec étaient non seulement les pires du Canada, mais aussi les pires du monde occidental, celles de Gatineau étaient en fait les pires du Québec. Au-delà de l’horreur de la nouvelle, c’est la réaction de déni qu’elle a provoquée qui me plonge dans l’effroi. En effet, le jour même, Guy Morissette, le directeur des services professionnels du CISSS de l’Outaouais, déclarait que le délai de triage représentait un défi partout au Québec et qu’ils n’étaient pas les seuls à ne pas être capables d’y faire face. Certes… Remarquez que pour Monsieur Gauthier, cela ne fait plus aucune différence : il en est mort ! Et si les urgences n’étaient que la pointe de l’iceberg ?
J’entends communément l’idée que notre système de santé, gratuit qui plus est, est l’un des meilleurs au monde. Personnellement, étant donné l’état de son « service de pointe », je me pose des questions. D’abord, je trouve qu’il nous coûte assez cher, grugeant plus de la moitié des taxes provinciales, pour une prestation qui, en plus, ne vaut pas ce qu’elle prétend.   
Il y a quatre ans, je me suis découvert un Hallux Valgus, mieux connu sous le nom de « oignon ». Rien de grave en soi, mais assez douloureux. Il m’a fallu attendre un an avant de voir le spécialiste… Vous me direz qu’un délai de un an est tout-à-fait raisonnable… l’on m’avait tout même donné trois mois. Aujourd’hui, j’attends juste le suivi qui devait avoir lieu trois mois plus tard, ça fait maintenant trois ans de cela.
Depuis, c’est autre chose, j’ai des problèmes de voix : un nodule sur les cordes vocales. Pour un professeur, c’est assez ennuyant, vous en conviendrez. Rien de grave en soi, mais assez incommodant. Chez vous, l’extinction de voix qui n’est que passagère est permanente chez moi. Cela fait un an que cela dure et si j’en crois l’orthophoniste chargée de mon dossier, je devrais pouvoir bénéficier de ses services dans deux ans environ. Heureusement, je suis bien placée sur la liste d’attentes.
Finalement, c’est en santé mentale qu’on bat des records. Ayant vécu il y quelques années un petit coup dur, je suis allée chercher l’aide qu’il me fallait sans prendre de médicaments. Rien de grave en soi, mais assez angoissant. Mais, depuis que le psychothérapeute est parti en congé de paternité, il n’y a tout simplement plus personne pour le remplacer. Heureusement, mon cas n’est pas prioritaire; c’est garanti, je ne me suiciderai pas.
À force de ne pas être traités pourtant, les petits maux deviennent plus grands. S’ajoute alors l’anxiété qu’ils peuvent causer, un cocktail explosif qui me mènerait droit aux médicaments s’il n’y avait pas de médecins pour me prendre en main. Et des médecins, justement, dans l’Outaouais, il y en a toute une pénurie ! Heureusement, moi, j’en ai un, mais pour le voir rapidement, il me faut aller aux urgences. Vous comprendrez sans doute mes inquiétudes.
Ce qui m’inquiète en fait, ce n’est pas tant que le système de santé québécois ne soit pas l’un des meilleurs qui soit; ce qui m’inquiète plutôt, c’est ce statu quo qui fait qu’on s’habitue, ce statu quo qui parfois tue !

Dominique Bomans est professeur
à l’école secondaire Sieur-de-Coulonge.
Elle y enseigne principalement le français.