La rivière Outaouais : vers une meilleure surveillance ?

0
414

André Macron


André Macron

DAVIDSON, le 30 juillet 2013 – Un bassin de plus de dix millions d’habitants est relié de près ou de loin à la rivière Outaouais. Située entre les provinces de l’Ontario et du Québec, mais de juridiction fédérale, la complexité de la gestion législative du cours d’eau rend la rivière difficile à protéger sur le terrain.
Pour les sensibiliser aux problèmes et aux enjeux autour de cette grande rivière, les enfants de la Fondation Gaspé Beaubien ont participé à un voyage en canoë dont le départ se faisait à Montebello. Ils ont également eu l’occasion de survoler le cours d’eau en avion afin de prendre conscience de toute l’importance de ce canal stratégique pour la région de l’Outaouais. Ils ont aperçu de haut le site de Chalk River, le fameux réacteur nucléaire qui rejette en quantité importante du tritium dans la rivière, portant ainsi atteinte à la faune et à la flore de la région. Finalement, il leur a aussi été expliqué qu’auparavant, de plus gros poissons, en plus grandes variétés, étaient pêchés dans les eaux de la rivière Outaouais.
Meredith Brown, la directrice de l’organisme Sentinelle Outaouais, un organisme dont le mandat est d’exprimer les enjeux entourant la rivière des Outaouais, admettait que les rejets de tritium étaient tolérés au Canada à raison de 100 fois plus que dans d’autres pays et soulignait encore la vétusté du réacteur (plus de 50 ans d’existence). Elle se montrait cependant concernée par l’ensemble des rejets effectués dans la rivière des Outaouais, ainsi que par les déversements causés par le transport de pétrole ou de gaz dans les gazoducs.       
Les barrages peuvent, eux aussi, causer de nombreux problèmes. Philippe Gaspé Beaubien se disait également soucieux de la situation. En effet, habitant Montréal, il n’ignore pas le fait préoccupant que la plupart de la population boit l’eau qui vient en majeure partie de la rivière des Outaouais d’où, selon lui, toute l’importance de la protéger.
La Fondation de Gaspé Beaubien s’est donnée comme mission de protéger à long terme la rivière des Outaouais des nombreuses menaces qui nuisent à la qualité de son eau. Elle compte notamment investir dans le projet la somme de 490 000 $ sur trois ans. Un plan d’action en cinq étapes, surnommé Mission Rivière, sera réalisé en partenariat avec Sentinelle Outaouais et Blue Legacy.
Le 29 mai dernier, ce sont les cinq étapes du projet qui avaient été présentées. La première étape consiste à créer un poste permanent de directeur des opérations au Québec pour Sentinelle Outaouais. Le titulaire de ce poste aura alors pour mandat de représenter l’organisme au Québec et de mobiliser les citoyens, décideurs, gouvernements et municipalités autour d’une vision commune pour l’avenir de la rivière des Outaouais.
En deuxième et troisième étapes, ce sont les grandes expéditions menant à la sensibilisation et à la conscientisation du plus grand nombre sur les enjeux majeurs entourant la protection du cours d’eau. Du 4 au 8 août 2013, une expédition pour les quatre philanthropes de la famille Gaspé Beaubien a été organisée afin qu’ils deviennent de véritables porte-parole pour Mission Rivière. Une autre expédition aura lieu du 11 au 21 septembre prochains, au cours de laquelle l’équipe de Blue Legacy, dirigée par Alexandra Cousteau, la petite-fille du très renommé Jacques Cousteau, réalisera trois courts documentaires sur la rivière des Outaouais. 
La quatrième étape prendra place en 2014. Il s’agira d’y rencontrer les maires, les ministres de l’environnement, les sociétés telles qu’Hydro-Québec et Ontario Power Generation, les dirigeants de la centrale nucléaire de Chalk River et les neuf usines de pâte à papier en activité le long de la rivière, toutes les personnes dont les gestes et les décisions peuvent influer directement sur l’état de la rivière dans l’espoir d’établir un véritable dialogue avec eux afin de voir comment chacun peut contribuer à l’amélioration de l’état de la rivière.
Finalement, le projet devra se terminer en 2015 lors du deuxième Sommet de la rivière des Outaouais qui rassemblera en un même lieu, durant une ou deux journées, tous les décideurs et les citoyens dont les activités peuvent avoir des répercussions sur la rivière afin qu’ils déterminent ensemble un mode de gouvernance adéquat.
Au cours des années à venir et à travers la réalisation de ces cinq étapes, Mission Rivière n’aura d’autres objectifs que de mobiliser les politiciens, les leaders influents, les communautés locales et l’ensemble de la population du Québec pour la protection de l’un des cours d’eau les plus importants au Canada : la rivière des Outaouais.
(Source : Valérie Gonzalo)