Fuite d’eaux usées toxiques des LNC

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Katharine Fletcher

CHALK RIVER – Les Laboratoires Nucléaires Canadiens (LNC) ont publié un bulletin d’information communautaire le 27 mars au sujet d’un déversement « récent » [sans date] d’eaux usées contaminées des Laboratoires de Chalk River (LCR) dans la rivière des Outaouais.

« Les résultats récents de l’échantillonnage de routine effectué sur les effluents (rejets traités) de l’installation conventionnelle de traitement des eaux usées sanitaires (SSTF) des Laboratoires de Chalk River n’étaient pas conformes aux exigences. »

Ce déversement contaminé signifie que les LNC continuent de faire les manchettes concernant les plans de construction d’une installation de gestion des déchets près de la surface (IGDPS) à Chalk River, qui contiendrait un million de tonnes de déchets radioactifs et d’autres déchets dangereux dans un monticule en surface à 1,2 km de la rivière des Outaouais, à 180 km au nord-ouest d’Ottawa, sur la  propriété des LCR. L’autorisation de l’IGDPS par la Commission canadienne de sûreté nucléaire, le 9 janvier, a déclenché une contestation judiciaire de la Part de la Première Nation de Kebaowek, qui demeure activement opposée à sa construction.

Le 14 février, le premier ministre Justin Trudeau a rejeté sommairement l’opposition de la Première Nation de Kebaowek et d’autres organisations à l’IGDPS, en disant : « Nous faisons confiance à nos experts. »

Le bulletin des LNC visait à rassurer les membres de la collectivité au sujet du déversement : « Lors de la découverte, les LNC ont avisé tous les organismes de réglementation pertinents et ont ouvert une enquête pour déterminer la cause de la perturbation. Un plan de mesures correctives est en cours pour corriger le problème, y compris obtenir le soutien d’organismes externes. »

Pratiquement un mois plus tard, le 24 avril, les LNC ont publié la « Mise à jour no 1 : Non-conformité dans les effluents d’eaux usées » dans laquelle, pour la première fois, ils ont admis que le déversement contaminé s’était produit en février.

Les Premières Nations de Kebaowek ont fait remarquer : « Depuis deux mois, les Laboratoires de Chalk River libèrent illégalement des polluants dangereux dans la rivière des Outaouais, ce qui pose un risque pour l’environnement et la santé publique. »

Comme ils l’ont indiqué dans leur bulletin du 24 avril, les LNC ne comprennent apparemment toujours pas pleinement ce qui s’est passé, ce qui nécessite la consultation d’une tierce partie. « Les LNC prennent des mesures importantes pour bien comprendre ce qui mène à la non-conformité et pour rétablir les activités normales de la SSTF », peut-on y lire.

Leur bulletin explique que les « mesures étendues » comprennent :

  • Augmentation des essais de toxicité sur les effluents du SSTF
  • L’obtention d’un soutien d’un tiers pour effectuer une évaluation de la toxicité des effluents du SSTF et pour examiner toutes les opérations de l’installation
  • Un examen détaillé, ainsi qu’une analyse chimique, de tous les influents et effluents du SSTF
  • La prestation d’une formation à l’échelle de l’entreprise sur les mises en liberté autorisées à la SSTF et une campagne de communication pour soutenir la formation du personnel
  • Un examen de tous les rejets connus dans le SSTF afin de déceler les activités anormales et l’arrêt d’un rejet de routine dans l’un des laboratoires de recherche des LNC
  • Améliorations de l’installation pour rétablir le processus de traitement nécessaire

« Si les Laboratoires Nucléaires Canadiens ne peuvent même pas traiter les déchets industriels « ordinaires », comment pouvons-nous leur faire confiance pour la gestion sécuritaire des déchets radioactifs qui constitueront une menace pendant des millénaires ? », a déclaré la Première Nation de Kebaowek. Leur opposition à l’IGDPS est soutenue par les citoyens concernés du comté et de la région de Renfrew, la Coalition canadienne pour la responsabilité nucléaire et la Sierra Club Canada Foundation.

Ole Hendrickson, ph. D., président du Comité national de conservation de la Sierra Club Canada Foundation, a déclaré : « Le projet de l’IGDPS comprend une usine de traitement de l’eau pour éliminer certaines substances radioactives et dangereuses du monticule avant qu’elles ne soient rejetées dans le lac Perch et la rivière des Outaouais. L’incapacité des LNC d’exploiter une station de traitement des eaux usées en toute sécurité n’est pas de bon augure pour leur capacité d’exploiter une usine de traitement des déchets radioactifs. »

À l’heure d’aller sous presse, le directeur des communications d’entreprise des LNC n’avait pas répondu aux  questions du Journal.