Des politiciens interviendront sur le dépotoir nucléaire

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Carl Hager

CAMPBELL’S BAY – Jane Toller, préfète de la MRC de Pontiac, s’est inscrite pour intervenir aux audiences de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) concernant le projet d’installation de stockage à faible profondeur (NSDF) sur le site de Chalk River de CNL. L’installation serait un dépôt de déchets nucléaires de faible et moyenne activité. La date limite d’inscription du public est le 11 avril, et les audiences sont prévues pour la fin mai. En janvier, les maires de la MRC ont approuvé à l’unanimité une résolution contre ce projet. Sandra Armstrong, mairesse de Mansfield-et-Pontefract, a proposé la motion et a déclaré au Journal que depuis quatre ans, elle est très préoccupée par cette idée de stocker des déchets nucléaires le long de la rivière des Outaouais.

Mme Toller cite de nombreuses raisons pour lesquelles elle s’est inscrite en tant qu’intervenante, les préoccupations en matière de santé publique figurant en tête de liste.

Dans une entrevue avec le Journal, Mme Toller a déclaré que la MRC n’a jamais été consultée sur la perspective de construire le dépotoir si près du Pontiac. « Un de nos objectifs à la MRC de Pontiac est de protéger l’élément vital de notre région, nos rivières. La rivière des Outaouais est l’un de ces joyaux à protéger. La rivière Des Moines et la rivière Noire sont les autres. Les gens viennent dans notre région parce que nous offrons la nature, une vie saine. Le projet de Chalk River menace tout cela ». Elle est également déçue que la province de Québec n’ait pas encore déclaré sa moitié de la rivière des Outaouais
« rivière du patrimoine » alors que l’Ontario l’a déjà fait.

Mme Toller a également noté que les statistiques du CISSSO, l’autorité sanitaire locale, montrent que la population du Pontiac a déjà un taux de cancer plus élevé que les autres régions. Comme les joints de protection autour des déchets nucléaires se dégradent avec le temps, le risque de fuite de déchets radioactifs dans la rivière augmentera et causera des menaces plus graves pour la santé du public.

Mme Toller s’inquiète également du transport par camion des matériaux vers Chalk River et de la possibilité qu’un accident entraîne un déversement à proximité d’une communauté.

Les autres politiciens doivent intervenir

Une partie de la Municipalité de Pontiac longe la rivière des Outaouais sur environ 35 kilomètres. Le projet NSDF a suscité l’inquiétude des politiciens et des citoyens, et le maire Roger Larose s’est inscrit pour intervenir. « Le village de Quyon tire son eau potable directement de la rivière des Outaouais. Le centre de traitement ne sera pas en mesure d’éliminer les déchets radioactifs de l’eau potable », a-t-il déclaré.

Denise Giroux, candidate fédérale néo-démocrate du Pontiac lors des deux dernières élections, reste très active dans le dossier. En 2019, Mme Giroux a participé à la flottille de protestation qui a débuté à Sheenboro et s’est rendue en bateau jusqu’au site de Chalk River. Mme Giroux s’est également inscrite pour s’adresser à la CCSN. Elle s’inquiète notamment de la définition des déchets qui devraient se retrouver dans la décharge. Ces déchets resteront-ils de faible activité – comme le définissent les normes internationales – ou deviendront-ils de moyenne activité, comme cela a été proposé ? Elle craint que les décideurs d’aujourd’hui ne soient plus là pour être tenus responsables des éventuelles catastrophes nucléaires de demain. « Nous devons agir maintenant pour protéger la sécurité future et la viabilité économique du Pontiac », a-t-elle déclaré.

Mme Giroux a ajouté que la santé, la prospérité et les moyens de subsistance du Pontiac seront menacés si ce projet va de l’avant. « La rivière des Outaouais est la source de la richesse future du Pontiac, tant sur le plan touristique qu’agricole ; nos élus devraient faire tout ce qui est possible pour sauvegarder la communauté. »

Le député André Fortin a fait parvenir une déclaration écrite au Journal, dont voici un extrait : « Le site nucléaire de Chalk River est depuis longtemps une source d’inquiétude pour de nombreux résidents…. le ministère de l’Environnement du Québec s’est déclaré satisfait du projet….. Il est de notre devoir de protéger la qualité de l’eau. Compte tenu de l’importance que la rivière occupe dans notre région, j’attendrai d’entendre toutes les procédures avant de prendre une décision finale. »

Des centaines d’intervenants sont attendus aux audiences ; la date limite pour s’inscrire est le 11 avril.