Des centaines de manifestants pour les CJE

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Manifestation du CJEP Campbell’s Bay

Laurent Robillard-Cardinal (tr. L. T.)



Manifestation du CJEP Campbell’s Bay

Laurent Robillard-Cardinal (tr. L. T.)

CAMPBELL’S BAY –  Des centaines de personnes sont sorties dans les rues, en Outaouais, le 1er décembre dernier, pour protester contre les modifications proposées aux Carrefours jeunesse-emploi (CJE).  Cette mobilisation avait été organisée par les quatre CJE de la région (Pontiac, Papineau, Vallée-de-la-Gatineau, Outaouais) dans le but de faire connaître l’importance du rôle des Carrefours dans l’Ouest québécois.
Le projet de loi du
gouvernement libéral a pour but de forcer les CJE à recentrer leurs activités sur les jeunes adultes qui sont les plus éloignés du marché du travail (qui vivent de l’aide sociale ou qui sont éligibles à l’assurance-emploi).  Le ministre québécois de l’Emploi et de la Solidarité M. François Blais est
convaincu que les CJE ne fonctionnent pas à pleine capacité : « Les CJE ont été créés pour stimuler la
création d’emplois dans les régions. Il n’est pas évident qu’il y a eu des améliorations dans ce domaine, alors nous avons décidé de changer notre approche et de donner plus de responsabilités aux municipalités », déclarait le ministre en conférence de presse.
« Notre objectif ne vise pas l’exclusion de clients potentiels. Les Carrefours sont autonomes et peuvent desservir les clients qu’ils veulent, mais je veux recentrer leurs efforts. Donc les fonds qui proviendront du Ministère seront destinés aux jeunes adultes qui sont soit à l’aide sociale ou qui sont éligibles à l’assurance-emploi », précisait le
ministre Blais.
Créés en 1995, les 110 Carrefours du Québec avaient pour mission de préparer et d’accompagner les jeunes adultes de 16 à 35 ans dans leur parcours vers l’emploi, vers un retour aux études ou la création de leur propre entreprise. Quand le gouvernement a annoncé les changements aux CJE, les carrefours ont lancé une campagne : Mon CJE, j’y tiens.
Pour les CJE, les mesures annoncées auront un impact négatif sur leur prestation de services qui veut rejoindre tous les jeunes adultes dans le besoin, sans égard à leur statut socio-économique ou ethno-culturel.
Charlotte L’Écuyer
s’implique
Mme Charlotte L’Écuyer, ancienne députée libérale pour le Pontiac, a joint les rangs des opposants à cette réforme en prenant part à la marche de protestation du 1er décembre. Elle a souligné le rôle vital du Carrefour dans la circonscription de Pontiac.
« Quand on regarde la clientèle des CJE et les raisons de leur création, nous nous rendons compte qu’ils reçoivent des jeunes qui sont en marge de la société : ils ne sont ni aux études, ni sur le marché du travail et ils sont sans statut social. Ce sont souvent des jeunes adultes qui ont quitté l’école en croyant obtenir un emploi dans un moulin à scie ou dans l’industrie forestière, par exemple, comme leur pêre avant eux, mais ces emplois ont
disparu. Le Carrefour s’occupe de ces jeunes, qui sont souvent sans revenu aucun, sans les  juger ou les
condamner.  Grâce aux services du Carrefour,  ils sont plus motivés à poursuivre une formation.  Ils obtiennent aussi de l’aide pour rédiger leur curriculum vitae et se préparer à une entrevue.  Ils sont ainsi mieux préparés à réintégrer le monde du travail », déclarait Mme L’Écuyer en entrevue avec le Journal.
« La réforme proposée prévoit que les jeunes vivant de l’aide sociale ou de l’assurance-emploi vont fréquenter leur CJE local, mais qu’est-ce qui va se passer pour les autres ? Vont-ils rejoindre les rangs des itinérants ou des prestataires de l’aide
sociale ?  Dans les régions rurales, surtout dans le Pontiac, les emplois sont rares : l’industrie forestière est en panne, les moulins sont fermés et le tourisme fonctionne au ralenti : qu’est-ce qui nous reste ?  Nous ne pouvons pas rester indifférents : il faut prendre soin de ces jeunes adultes, tenter de les motiver,  respecter et aider à se fixer un but et à l’atteindre », ajoutait l’ancienne députée et résidante de Bryson.
À cause des effets visibles des mesures d’austérité annoncées par le gouvernement, Mme L’Écuyer lance un appel : « J’ai été membre du Parti libéral toute ma vie, mais quand je regarde ce qui se passe, je crois que nous sommes en train de détruire le monde rural.  Je me demande ce qui restera de notre monde rural dans quelques années ».
Elle se dit prête à
continuer d’appuyer les CJE, mais aimerait que d’autres s’impliquent aussi. « Cela affecte toute la région. J’aurais aimé voir le préfet de la MRC et des maires de la région manifester leur soutien. Où sont nos élus ? Quand nous parlons d’une seule voix, notre message a bien plus de poids. Malheureusement, plusieurs de nos représentants élus sont absents », concluait-elle.