Vote ou arbitrage : bras de fer postal
Tashi Farmilo & Bonnie James
Publié dans le Journal du Pontiac le 4 juin 2025.
OTTAWA – Alors que les retards de courrier se multiplient dans le Pontiac, l’impasse entre Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) entre dans une phase critique.
Le 30 mai, Postes Canada a demandé à la ministre du Travail d’autoriser un vote sur ses offres finales, dans l’objectif de permettre aux membres urbains et aux FFRS (facteurs et factrices ruraux et suburbains) de se prononcer directement sur les contrats proposés. Selon la société, après près de deux ans de négociations, de conciliations, de médiations et de grèves tournantes, il n’est plus possible d’aboutir à un accord négocié sans consulter directement les employés.
Le 31 mai, le STTP a répliqué en rejetant la tenue d’un vote et en invitant plutôt Postes Canada à accepter un arbitrage exécutoire — un processus dans lequel une tierce partie neutre rendrait une décision finale et contraignante. « C’est la manière la plus responsable et efficace de régler ce conflit », a déclaré la présidente nationale du STTP, Jan Simpson, en invoquant l’intérêt public et les longues années de négociation. Postes Canada a décliné la proposition le lendemain. Dans un communiqué, la société d’État a affirmé que l’arbitrage ne ferait que retarder la résolution et priverait les employés de leur droit de décider de leur avenir. Elle a souligné que ses offres respectent pleinement les sept recommandations de la Commission d’enquête industrielle (CEI), qui a conclu plus tôt cette année que Postes Canada est « pratiquement insolvable » et qu’une réforme majeure est nécessaire.
L’offre finale prévoit une augmentation salariale de 13,59 % sur quatre ans, des primes à la signature de 1 000 $ ou 500 $ selon la classification, l’élimination des heures supplémentaires obligatoires et des améliorations à l’indemnité de vie chère. Elle inclut également des heures garanties et des avantages sociaux pour les employés à temps partiel, ainsi qu’un déploiement limité du système de routage dynamique visant à améliorer l’efficacité. Plusieurs propositions contestées, comme la réduction des avantages pour les retraités et la couverture médicale des nouvelles recrues, ont été retirées.
Malgré ces concessions, le STTP a rejeté l’offre et annulé les ententes de principe conclues plus tôt cette année. Le syndicat affirme vouloir obtenir une entente équitable et exhorte Postes Canada à accepter l’arbitrage dans l’intérêt des travailleurs et du public.
Entre-temps, l’impasse continue d’avoir des répercussions concrètes dans des collectivités rurales comme le Pontiac. Les résidents signalent des retards persistants dans la livraison du courrier et des colis, parfois de plusieurs jours. L’interdiction des heures supplémentaires décrétée à l’échelle nationale par le STTP demeure en vigueur, aggravant les retards. Dans les régions rurales où les options sont limitées, l’impact est particulièrement sévère — affectant la livraison de médicaments, le paiement de factures, l’expédition pour les petites entreprises et l’accès à des documents importants.
Postes Canada estime que les arrêts de travail — y compris une grève de 32 jours à la fin de 2024 et la reprise des actions en mai — ont coûté 208 millions de dollars, contribuant à une perte avant impôt de 841 millions de
dollars l’an dernier. Le volume de colis a chuté des deux tiers par rapport à la même période en 2024.
Tandis que Postes Canada attend la décision ministérielle concernant la tenue du vote, le STTP maintient sa demande d’arbitrage. Pour les résidents du Pontiac, l’incertitude persiste — tout comme les retards.