Le Québec en débat : faut-il abolir l’heure d’été?
Tashi Farmilo
QUÉBEC – Le ministère de la Justice du Québec a lancé une consultation publique sur l’avenir de l’heure avancée (HAE), invitant les résidents de toute la province à se prononcer sur la pratique vieille de plusieurs décennies consistant à ajuster les horloges deux fois par année. La consultation, qui a débuté le 22 octobre et se poursuivra jusqu’au 1er décembre, vise à recueillir des renseignements sur la question de savoir si la province devrait continuer avec la HAE ou l’abandonner.
L’ajustement semestriel de l’horloge, introduit pendant la Première Guerre mondiale pour économiser l’énergie, a longtemps été remis en question pour sa pertinence dans la vie moderne. Des études menées ces dernières années ont mis en évidence les effets néfastes de la HAE sur la santé et le bien-être, ce qui a relancé le dialogue public. « Cette initiative nous permet d’entendre les Québécois et d’analyser les effets généraux de la HAE, de
la santé aux impacts économiques », a déclaré le ministre de la Justice du Québec, Simon Jolin Barrette.
De nombreux professionnels de la santé et chercheurs soutiennent que la HAE perturbe les cycles de sommeil naturels, conduisant à un « décalage horaire social », qui est lié à un risque accru d’obésité, de maladies cardiovasculaires et de dépression. « La lumière du matin est cruciale pour le bien-être, la santé et la productivité », a déclaré Rébecca Robillard, professeure agrégée et coprésidente du Consortium canadien de recherche sur
le sommeil. « Le maintien d’une heure normale permanente s’harmoniserait plus étroitement avec nos horloges biologiques et pourrait atténuer bon nombre de ces problèmes de santé. »
Pour ceux qui sont impliqués dans l’agriculture, comme Gema Villavivencio de Pure Conscience Farm à Clarendon, le changement d’heure a un impact sur les routines quotidiennes. « En hiver, quand il fait noir à 16 h, il est plus difficile de suivre le travail agricole », a-t-elle noté. « Avoir plus de lumière en fin d’après-midi serait d’une grande aide, surtout pendant la période de récolte où chaque heure compte. »
Mme Villavivencio a ajouté qu’un horaire stable correspondrait mieux à ses besoins. « Nous suivons déjà les rythmes de la terre », a-t-elle déclaré, « donc un temps permanent rendrait nos journées plus naturelles. »
Un changement pourrait poser des défis économiques et logistiques si le Québec s’éloigne de la HAE tandis que les régions voisines, comme l’Ontario et les États-Unis, poursuivent cette pratique. Le ministère de la Justice du Québec a reconnu ce facteur, affirmant que l’harmonisation avec les partenaires commerciaux sera un facteur clé dans la décision finale.
La consultation offre diverses façons aux citoyens de s’engager, des sondages
aux discussions ouvertes. Les résidents ont jusqu’au 1er décembre pour participer au sondage : consultation.quebec.ca/processes/changement-heure?locale=fr.