André Macron
André Macron
Alors que beaucoup d’entre nous profitaient encore de quelques jours de vacances bien mérités, le 13 août dernier se déroulait le premier round d’un combat contre le Canadien National vaillamment remporté par la MRC. Mais si celle-ci ressortait victorieuse d’une première bataille, elle n’en a pour autant remporté la guerre. Et n’est-ce pas le résultat final qui compte plus que toute autre chose ?
Ainsi donc, le 13 août dernier, tel David contre Goliath, la MRC s’opposait à CN dans son projet de démantèlement de la voie ferrée joignant le parc industriel de Fort-Coulonge à Ottawa. Le 20 août dernier, elle remportait la première manche après avoir obtenu l’arrêt des travaux prévus, jusqu’au 11 octobre prochain du moins (pour de plus amples informations, lire l’article, page 2).
C’est à environ deux heures de l’après-midi, le 13 août dernier, que nous étions mis au courant de la mobilisation, une heure plus tard seulement, qu’allait provoquer la menace de démantèlement. Il s’agissait du recours ultime entamé par la MRC afin de sauver ce qui pouvait rester de l’unique voie de transport garante du développement économique de la région.
Pour avoir longé les rails, j’ai pu rapidement constater, de visu, leur état de délabrement avancé. La voie ferrée semble complètement désertée et les rails apparaissent mal entretenus. De toute évidence, depuis la fermeture de Smurfit Stone en 2008 et malgré les nombreux projets le concernant, le réseau ferroviaire nous liant à la capitale nationale n’a pas encore su attirer les nouveaux usagers vers le Pontiac. Son démantèlement, pourtant, pourrait porter un coup fatal à la région déjà fortement affectée.
Il y a 5 ans, bientôt 6, que Smurfit Stone, l’usine autour de laquelle vivait le Pontiac, a définitivement fermé ses portes. À cette époque, entre Thurso ou notre région, des choix ont été faits. Pour le Pontiac, une page était tournée alors que l’on jouait la carte touristique. Depuis, à raison de cinq années consécutives, nous avons tristement été élus « région la plus pauvre du Québec » alors que notre bois s’en va vers d’autres horizons. N’était-ce pas, il y a 5 ans de cela, le temps d’une mobilisation ? Aujourd’hui espérons que ce ne soit pas trop peu, trop tard ?
Tout le monde se souvient encore du désastre du Lac Mégantic. Alors que la communauté se relève avec peine de cette catastrophe de l’été, les gouvernements se mobilisent afin d’apporter une aide concrète aux sinistrés et aux familles touchées. Ici, la détresse est chronique. Le nombre de suicides et de dépressions liés aux problèmes économiques de la région ne gonflent pourtant pas suffisamment les statistiques pour provoquer les réactions.
Sur les lieux de la manifestation, de nombreux représentants d’organismes d’ici, quelques élus municipaux et des citoyens dont les intérêts sont défendus par la MRC. Une grosse partie de la population, par contre, ne semble pas s’être sentie interpellée et nos députés, provincial et fédéral, n’ont pas jugé utile de se montrer, les 13 ou 14 août derniers, bien qu’ils semblent tous deux se ranger du côté de la MRC. Pourquoi, alors même que tout devrait rallier à la cause, n’y a-t-il pas de plus grande démonstration de loyauté ?
Après quantité de projets annoncés et souvent avortés, abattoir, nouvelle MRC, IKEA, prison, PTCR… et maintenant possible fusion, sommes-nous totalement désillusionnés ou simplement découragés ? Si les politiciens eux-mêmes semblent douter de l’avenir du Pontiac, est-il possible pour la population d’y croire encore ? Si le Pontiac ne parvient pas à se montrer uni dans la crise, les politiciens ont-ils une chance de le représenter ?
Le discours de Michael McCrank et Raymond Durocher, respectivement préfet et sous-préfet de la MRC de Pontiac, est plus qu’éloquent (lire discours, page 6). D’une seule et même voix, les deux hommes condamnent… enfin… le désintérêt dont le gouvernement fait preuve, année après année, pour la région. Ils condamnent encore l’exploitation de nos ressources, mentionnant notamment les 5 grands barrages hydroélectriques de la région, sans aucun profit pour les Pontissois. Ils condamnent finalement le manque de vision du gouvernement qui ne permet pas d’investir dans des solutions d’avenir. Alors que la Chine, l’Europe ou même les États-Unis basent leurs développements économiques sur l’extension de leur réseau ferroviaire, ici nous démantelons le nôtre.
S’il y a un point sur lequel étonnament la compagnie CN et la MRC de Pontiac sont d’accord, c’est bien sur le fait que les rails ne semblent plus attirer personne. Mais alors que les uns, pour des raisons économiques, optent pour le démantèlement, les autres, pour des raisons tout aussi économiques, s’y opposent formellement. La cour d’audiences penchera-t-elle du côté de l’un ou de l’autre ? Seul l’avenir nous le dira… ou Bill Gates !