Coup de gueule pontissois !

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Il y a un an, alors qu’il était invité dans notre région, Gilles Proulx, un journaliste reconnu pour provoquer la polémique, avait publié un texte qui avait soulevé l’indignation générale de la population pontissoise.

Il y a un an, alors qu’il était invité dans notre région, Gilles Proulx, un journaliste reconnu pour provoquer la polémique, avait publié un texte qui avait soulevé l’indignation générale de la population pontissoise. Estomaquée par le manque total de professionnalisme de cette personnalité publique, j’avais alors trouvé nécessaire de répondre à la provocation. Par contre, même si le texte était simpliste et, pour certains de ses passages, carrément insultant, je trouve dommage qu’au-delà de l’indignation, il n’y ait pas eu d’autres réactions.
Étrangère, cela fait maintenant quinze ans que je vis ici. Mes enfants sont pontissois; ils sont nés dans le même hôpital que les autres et pourtant, envers et contre tout, ils portent le sceau de la différence, une différence qui ne trouve pas toujours sa place dans le Pontiac. Essayez donc de moins aimer la chasse, mais d’apprécier la nature ! Essayez donc de défendre des valeurs écologiques dans une région dominée par les quatre-roues en été et les motoneiges en hiver ! Essayez donc de ne pas être bon en hockey ou en soccer et d’aimer la culture ! Essayez donc de parler français avec un accent différent et de parler anglais avec… un accent différent ! Essayez donc ! Et vous verrez que les étrangers d’ici dans toute leur différence finissent par se sentir vraiment « étranges ». Bien sûr, les nuances sont nécessaires, mais il reste tout de même que, si l’on ne se voile pas la face, le discours vis-à-vis du Pontiac n’est pas toujours flatteur et si l’image nous colle à la peau, peut-être serait-il important de se regarder et de se demander pourquoi ?
Pourquoi les gens disent-ils de nous qu’ils ne sont pas toujours super bien accueillis ? Pour une région qui mise sur les petits entreprises et le tourisme, n’y aurait-il pas quelques concepts d’« accueil touristique » à développer ? Pourquoi les gens disent-ils de nous qu’on ne sait pas parler ? Pour une région qui veut valoriser ses richesses, n’y aurait-il pas la nécessité de s’assurer de l’image de qualité que l’on offre aux médias à travers de véritables porte-paroles aguerris et préparés ? Pourquoi notre sentiment d’appartenance a-t-il encore autant de mal à franchir les limites de nos dix-huit municipalités ? Pour une région qui se dit bilingue, n’y aurait-il pas moyen de respecter le principe même du bilinguisme alors que nos institutions continuent souvent, dans leurs innombrables réunions, d’être unilingues, parlant « la langue de tous », mais pas la mienne ?
Si « cela fait 35 ans que les choses se passent de même », ne serait-il pas le temps d’analyser les bons, les mauvais coups d’ailleurs et de s’en inspirer pour construire un Pontiac plus inclusif et moins « étrange » afin que tout un chacun puisse y trouver sa place et surtout y rester ?

Dominique BOMANS
Éditorialiste Invité
Guest Editorialist