Francois Carrier
Éditorialiste Invité
Guest Editorialist
Francois Carrier
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Guest Editorialist
En juillet dernier, j’ai eu la chance de rencontrer une spécialiste reconnue de la gestion des rivières, Pascale Biron, professeure en géographie à l’Université Concordia, qui était de passage dans le Pontiac. La rencontre m’a marqué, entre autres parce qu’elle a relevé des problèmes que la classe politique n’a pas abordés publiquement jusqu’ici.
C’est surtout son analyse de notre structure gouvernementale qui m’apparaît essentielle. « On ne sait pas quel est le ministère qui est le capitaine à bord, c’est
un problème majeur », a-t-elle dit. Pour illustrer ses propos, elle est revenue
sur le point de presse concernant la Zone d’intervention spéciale (ZIS). « Le
cafouillage autour de la cartographie des ZIS est tout de même un bon exemple de
ce qui arrive quand plusieurs ministères sont responsables d’un même dossier et qu’on ne sait pas qui est le leader », m’a-t-elle expliqué. Lors de ce point de presse, trois différents ministères étaient impliqués : le ministre de l’Énergie, le
ministre de l’Environnement et la ministre des Affaires municipales. Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) Jonathan Julien a dit durant
cette conférence que son ministère détient les connaissances, un savoir-faire, une
expertise qui est reconnue depuis plusieurs années. « Pas vraiment », dit Pascale Biron. « À ma connaissance, il n’y a pas d’expertise de cartographie des zones inondables au MERN ». Pascale Biron ajoute aussi qu’étant donné qu’il n’y a
vraiment pas beaucoup d’informations divulguées sur la méthodologie employée pour compiler les ZIS, cela crée une impression chez les citoyens que tout cela est très arbitraire et manque de cohérence.
Voilà matière à réflexion. Avons-nous la bonne structure en place pour gérer
les inondations? Le simple fait qu’on parle encore des ZIS à l’heure actuelle et non
pas des victimes des inondations démontre à mon avis que notre façon de s’organiser n’est pas la bonne. Pascale Biron m’a cité des exemples en France et
au Royaume-Uni, qui pourraient être appliqués chez nous. Dans les derniers jours, le député fédéral de Pontiac William Amos a été très actif sur la scène publique pour manifester son appui à un examen sur la gestion des barrages. Il serait à mon avis intéressant qu’on aille jeter un coup d’oeil ailleurs, là où les inondations sont gérées avec efficacité. Sachant que trois partis politiques se sont succédé à Québec depuis les trois dernières élections, que nous sommes à quelques jours du début de la campagne électorale officielle sur la scène fédérale, le temps est propice pour remettre en question la gestion des inondations, et ce, au-delà de toute partisanerie.