Les techniciens en imagerie médicale de Shawville et wakefield exclus de l’entente
Deborah Powell
SHAWVILLE – La colère, l’incompréhension et la frustration des groupes de citoyens locaux et des élus ont été clairement exprimées lors de deux conférences de presse tenues les 13 et 14 juin à l’Hôpital communautaire de Pontiac à la suite d’une annonce gouvernementale interdisant aux techniciens en imagerie médicale de là-bas et à l’Hôpital de Wakefield de recevoir une prime visant à garder les techniciens dans leurs établissements actuels. La situation est en effet désastreuse, car la perte de capacité d’imagerie entraînerait la fermeture des salles d’opération et pourrait même forcer la fermeture de l’hôpital lui-même.
En mai, le gouvernement du Québec a conclu une entente avec l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), offrant une prime de
22 000 $ par année aux techniciens en imagerie médicale des Hôpitaux de Hull et de Gatineau dans le but de freiner l’exode vers l’Ontario où les taux de rémunération sont plus élevés. L’entente est d’une durée de deux ans et les techniciens devaient s’engager à travailler deux heures et demie de plus par semaine pour être admissibles. De plus, ils recevront une augmentation salariale de 10 % pour les mois d’été, lorsque le maintien de niveaux de personnel adéquats est difficile en raison des vacances.
À la suite de cette annonce, plusieurs techniciens des hôpitaux de Buckingham et de Maniwaki ont clairement fait part de leur intention de poser leur candidature aux postes vacants dans les hôpitaux de la ville, où les techniciens avaient déjà annoncé leur départ pour l’Ontario. Dans le but de contrer l’exode des hôpitaux périphériques, le gouvernement a annoncé
le mercredi 12 juin que les primes seraient étendues aux techniciens en imagerie médicale de Buckingham et de Maniwaki, mais pas à ceux de Wakefield et de Shawville.
« Il semble que la Coalition avenir Québec (CAQ) n’ait rien compris du tout. Ils corrigent l’erreur
du mois dernier en refaire la même. Pour les techniciens de Wakefield et de Shawville, c’est irrespectueux ; pour les soins de santé de la population, c’est irresponsable ; et, en somme, la décision est incompréhensible », a déclaré le député libéral André Fortin lors d’une conférence de presse tenue jeudi à l’Hôpital de Shawville.
Jane Toller, préfète du Pontiac, également présente jeudi, ainsi que plusieurs maires de Pontiac, ont exprimé leur choc face à l’exclusion de Pontiac et Wakefield de l’entente de bonus. « C’est vrai que nous avons des travailleurs loyaux à Shawville, mais ils s’attendent à être payés de la même façon que ceux de Hull et de Gatineau », a-t-elle dit, ajoutant qu’il y a une concurrence pour le personnel médical avec au moins trois hôpitaux de l’Ontario – Pembroke, Renfrew et Ottawa.
Lors d’une autre conférence de presse tenue vendredi à l’extérieur de l’Hôpital de Shawville, la porte-parole de Voix du Pontiac, Josey Bouchard, a exprimé sa frustration :
« La décision doit être renversée afin que les techniciens de l’Outaouais aient accès à cette prime. Ce n’est pas négociable. Cela n’a pas de sens [de faire autrement] » . Voix du Pontiac s’exprime depuis 2016 sur la nécessité d’améliorer les services de santé dans la région.
Jean Pigeon, de la nouvelle coalition SOS Outaouais plaidant pour la santé et les services sociaux, a fait écho à l’exaspération de toutes les personnes concernées et est allé plus loin en disant : « Un bonus ne suffit pas. Nous devons avoir des salaires concurrentiels par rapport à ceux de l’Ontario. Sans cela, nous ne faisons que reporter le problème de quelques années. »
Sophie Pieschke, une technicienne en imagerie actuellement en congé de maternité, était également présente à l’événement avec son bébé. « Je trouve cette (décision) injuste et dégoûtante. Cela n’a pas de sens… En tant que techniciens, nous avons l’impression que le gouvernement ne nous reconnaît pas notre travail auprès de la population », a-t-elle déclaré à Radio-Canada. Pieschke a admis qu’elle devrait réfléchir attentivement à la question de savoir si elle retournerait au travail au Québec si la situation ne s’améliorait pas.