À travers les yeux des autres

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André Macron


André Macron

Combien de fois ne me suis-je pas senti soupesé, jaugé, jugé, évalué… et parfois même condamné… souvent par des gens que je ne connaissais pas ou qui ne me connaissait pas… avant d’avoir eu une quelconque chance de m’expliquer ? Combien de fois ne me suis-je pas senti mal à travers les yeux des autres ? Nous commentons, nous soupesons, nous jaugeons, nous jugeons, nous évaluons et, parce que nous savons, nous condamnons. Pourtant, très souvent, trop souvent, nous nous trompons ! J’ai fait bien des erreurs dans ma vie et si j’en ai corrigé certaines, il en reste d’autres bien ancrées dans ma réalité.
Parce qu’à 10 ans, nous pensons d’une façon et qu’à 20 ans, après avoir changé, mûri peut-être, nous pensons d’une autre. Ainsi va la vie, décennie après décennie, nos idées évoluent et les jugements péremptoires d’autrefois deviennent dérisoires aujourd’hui. Parfois, hélas, aujourd’hui, c’est trop tard ! Alors qu’au cours d’une vie, nous avons beaucoup de mal à se connaître soi-même, qui sommes-nous pour juger de ce que les autres sont et pourquoi nous laissons-nous à ce point forger par ce que les autres pensent et jugent ?
« Toute ma jeunesse, j’ai voulu dire : JE SAIS. Seulement, plus je cherchais, moins je savais. Il y a 60 coups qui ont sonné à l’horloge. Je suis encore à ma fenêtre, je regarde et je m’interroge. Maintenant, je sais, JE SAIS QU’ON NE SAIT JAMAIS ! » Je sais qu’on ne sait jamais. S’il me fallait reprendre toutes les paroles de cette chanson que j’aime tant de Jean Gabin, ce serait juste pour acquiescer, hocher la tête en me disant qu’il a bien raison de le dire. Même quand on croit savoir, il suffit de peu pour se rendre compte que l’on ne sait toujours pas grand-chose.
Aujourd’hui, des enfants, des couples séparés, des homosexuels, des gens bien ordinaires ou différents se font jauger, juger, évaluer… et parfois condamner… parce que d’autres gens qui les connaissent à peine et qui ne cherchent pas à les connaître, pensent savoir ce que personne ne sait. Les adversaires d’aujourd’hui pourraient très bien, pour des milliers de raisons valables, devenir nos amis de demain parce que les choses changent. Elles évoluent, dieu merci… Les opinions tournent et les gens bien-pensants ne penseront pas toujours pour toute la société.
Si le monde pouvait l’espace d’un instant faire preuve d’un peu d’humanité, d’un peu d’humilité, si le respect pouvait reprendre le dessus sur ces millions de petites phrases assassines que l’on dit, fort de notre connaissance et de notre grand savoir, sans trop y penser, si l’on parvenait à réfréner les jugements hâtifs que nous nous efforçons de poser en toute hâte de peur de ne pas avoir le temps, de peur de voir les choses évoluer, peut-être le monde vivrait-il un peu plus en paix, un peu plus libre d’être soi sans se soucier du jugement de l’Autre et à travers les yeux des autres, pourrions-nous vivre notre vie sans nous sentir chaque jour diminué, chaque jour intimidé ?