Waltham secouée par le scandale de l’ancien DG
Tashi Farmilo
WALTHAM – La Municipalité de Waltham est aux prises avec d’importants défis administratifs à la suite de la publication d’un rapport de la Commission municipale du Québec (CMQ). Il met en lumière de nombreuses préoccupations concernant le mandat de Fernand Roy, qui a été directeur général de Waltham de 1985 jusqu’à sa démission en février 2024, juste avant le début de l’enquête de la Direction des enquêtes et des poursuites en intégrité municipale (DEPIM).
L’enquête de la CMQ, lancée après une divulgation d’actes répréhensibles, a révélé une série de problèmes de mauvaise gestion et de pratiques contraires à l’éthique pendant la direction de M. Roy, bien qu’il n’ait pas été spécifiquement nommé dans le rapport : l’utilisation abusive des ressources municipales à des fins personnelles, la documentation inadéquate des affaires municipales et le manque de transparence avec le conseil municipal.
Pendant près de quatre décennies, M. Roy a détenu un contrôle considérable sur les opérations de la municipalité, souvent sans surveillance suffisante de la part du conseil municipal élu. Selon le rapport de la CMQ, ce manque de surveillance était en grande partie dû à la compréhension limitée des membres du conseil de leurs rôles et responsabilités, combinée au fait que M. Roy les tenait mal informés.
La mairesse Odette Godin, qui est entrée en fonctions en 2021, a rapidement remarqué des irrégularités dans les opérations de la municipalité. « Après environ un mois au pouvoir, j’ai commencé à poser des questions parce que les choses ne semblaient pas correctes. On m’a dit que le maire précédent avait laissé des chèques postdatés, donc jusqu’à ce qu’ils soient épuisés, je n’aurais pas besoin d’en signer de nouveaux », se souvient Mme Godin. Au fur et à mesure qu’elle approfondissait sa recherche, ses inquiétudes grandissaient lorsqu’elle a découvert des pratiques plus troublantes, comme la signature de chèques en blanc sans factures jointes et la gestion des fonds municipaux sans documentation appropriée.
L’enquête a révélé que M. Roy a pris des dispositions pour que la municipalité couvre ses services Internet et téléphoniques à domicile, même si ces services auraient pu être obtenus gratuitement dans l’exercice de ses fonctions par l’intermédiaire du bureau municipal. De plus, l’épouse de M. Roy a été sur la liste de paie municipale pendant près d’une décennie, gagnant un salaire plus élevé que certains employés de longue date, malgré peu de preuves de sa participation réelle au travail municipal. Son salaire a également été incorrectement classé dans le budget de « planification urbaine », qui est généralement destiné à des projets d’urbanisme et de développement plutôt qu’à des travaux administratifs ou de bureau.
Les tentatives de Mme Godin pour résoudre les problèmes ont souvent rencontré de la résistance. « Chaque fois que je soulevais des préoccupations, on me disait souvent : « C’est la façon dont nous l’avons toujours fait », a-t-elle expliqué.
La démission de M. Roy en février 2024 a marqué la fin d’un long et controversé mandat, mais elle a laissé la municipalité avec un déficit organisationnel important. La nouvelle directrice générale, Annick Plante, qui a pris la relève à la suite du départ de M. Roy, doit rebâtir la structure administrative de la municipalité et rétablir la confiance du public.
En réponse au rapport, M. Roy a déclaré qu’il n’était pas d’accord avec les constatations et les conclusions. « J’ai toujours agi de bonne foi et pour le bénéfice de la municipalité », a-t-il affirmé, ajoutant que la signature des chèques en blanc a été faite uniquement pour faciliter le processus de paiement et éviter des retards inutiles. Il a insisté sur le fait que toutes les dépenses étaient légitimes et approuvées par le conseil. M. Roy a également défendu les conditions d’emploi de lui-même et de sa femme, affirmant qu’elles étaient connues et approuvées par les conseils précédents.Le rapport de la CMQ a recommandé à la municipalité d’investir dans les ressources financières et humaines pour corriger les problèmes identifiés. Elle a également suggéré que la municipalité mandate une tierce partie pour analyser l’incidence de l’absence de documentation écrite sur la validité de ses lois, règlements et autres décisions, et pour régulariser la situation si nécessaire.
La CMQ a demandé à la municipalité de les informer des mesures correctives mises en place et a nommé Denis Michaud, vice-président aux affaires municipales de la CMQ, pour donner suite aux recommandations de la Commission.