D’aussi loin que je me souvienne, le Pontiac n’a jamais été à court d’idées. Au fil des années, les projets ont foisonné, certains très fous, d’autres plus sérieux. Fruit des pensées mégalomanes de gens ordinaires, certains de ces projets nous auront fait sourire ou franchement rire; d’autres auront su nous inquiéter ou nous interroger. Ils nous auront souvent fait vibrer, pas toujours à l’unisson, dans l’espoir que des jours meilleurs se pointent à l’horizon. En tous cas, ils auront eu le mérite de ne pas nous laisser indifférents, parfois même de nous faire espérer. Depuis la fermeture de Smurfit-Stone, en 2008, le Pontiac n’aura jamais cessé, de projet en projet, de vouloir se relever.
Smurfit-Stone fermait à peine ses portes que le Green Investment Group promettait monts et merveilles avec son parc industriel à quelques millions de dollars. Toutefois, malgré les changements de propriétaires répétés, le site n’a jamais été exploité comme il avait été annoncé.
À l’époque de Raymond Durocher, c’est un promoteur américain qui devait nous sauver. S’il n’était plus industriel, le parc que Bartlett nous promettait misait sur la technologie. Jugé trop à l’écart, le Pontiac n’a pas été à la hauteur du défi. Pourtant, c’est parce qu’il n’était qu’à une heure d’Ottawa, trois heures trente de Montréal et cinq heures trente de Toronto qu’il avait été question, un jour, d’y installer une prison, un pénitencier fédéral qui devait, en même temps que d’enfermer des gens, permettre la création d’emplois.
Plus campé dans notre réalité, il y a eu l’abattoir de Shawville qui a connu ses heures de gloire bien que ça n’ait pas duré. La légalisation du cannabis aura, elle aussi, fait couler un peu d’encre, mais là encore, les résultats n’ont pas été ceux escomptés. Aujourd’hui, c’est un projet d’incinérateur de déchets qui retient l’attention, et toujours le même argument brandi avec passion : la revitalisation de la région. « Cela permettrait de créer 800 emplois pour la construction de l’installation en plus de 50 autres de façon permanente », déclare notre préfète. Mais le projet, comme d’autres avant lui, est bien controversé. En matière d’environnement, il y aurait de sérieuses questions à se poser. En matière de revitalisation d’une région, je ne suis pas certaine non plus qu’il ne faudrait pas s’interroger.
Des montagnes de déchets locaux auxquels s’ajouteront ceux d’Ottawa et de Renfrew seront bel et bien valorisés. Mais que restera-t-il du Pontiac? Une région économiquement revivifiée par les déchets-rejets des autres : en amont, ceux de Chalk River, les déchets radioactifs dont tout le monde cherche à se débarrasser, et juste à côté, quelques tonnes d’autres que l’on brûlera, dans l’espoir un peu f(l)ou, qu’ils assurent la survivance de notre belle communauté. Permettez-moi d’en douter!