QC tient compte des changements dans l’affectation des médecins de famille

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female doctor at door of hospital room

L’idée du Québec de déplacer les patients en bonne
santé des médecins de famille attire des critiques
Tashi Farmilo

QUÉBEC – En réponse aux pénuries de médecins de famille de longue date, le gouvernement du Québec envisage de rediriger les résidents en santé des rendez-vous réguliers chez le médecin de famille vers le Guichet d’accès à la première ligne (GAP), un système d’accès centralisé aux soins de santé primaires. Cette proposition, qui vise à alléger le fardeau des médecins de famille, est au cœur des négociations en cours entre la Coalition Avenir Québec (CAQ) et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le syndicat représentant les médecins de famille du Québec.

Le Dr Thomas O’Neill, un médecin de famille chevronné qui pratique dans le Pontiac, a exprimé d’importantes préoccupations au sujet de l’approche proposée. « Rediriger les patients en meilleure santé vers GAP peut sembler efficace, mais cela risque de supprimer les soins préventifs essentiels que les médecins de famille fournissent », a fait remarquer Dr O’Neill. « Notre rôle n’est pas seulement de traiter la maladie ; il s’agit de connaître les antécédents du patient et d’assurer la continuité des soins, ce qui réduit en fin de compte la pression sur les services d’urgence. Dr O’Neill a ajouté que les visites de courte durée au GAP ne peuvent pas remplacer la profondeur des soins offerts par les médecins de famille, en particulier dans les régions rurales où les options d’accès aux soins de santé sont déjà limitées.

Le ministre de la Santé du Québec a assuré les résidents dans un communiqué en disant : « Les Québécois qui ont un médecin de famille les garderont. » Il a souligné l’engagement du gouvernement à respecter les promesses en matière de soins de santé énoncées dans le plan de santé 2022, en mettant l’accent sur l’accès aux soins de santé plus simple pour tous les Québécois.

Cependant, l’approche de la CAQ a suscité de vives critiques de la part des partis d’opposition. Joël Arseneau, porte-parole du Parti québécois en matière de santé, a condamné la proposition comme un manquement aux engagements antérieurs de la CAQ de fournir un médecin pour chaque Québécois. M. Arseneau a soutenu qu’il ne s’agit pas d’une solution durable et qu’elle pourrait avoir un impact négatif sur l’accès des Québécois aux médecins de famille, en particulier ceux qui ont attendu des années pour en obtenir un. Il s’est dit particulièrement préoccupé par le fait que le

GAP qui serait géré par la nouvelle agence de santé Santé Québec, pourrait souffrir de ses propres problèmes d’accessibilité, créant ainsi des obstacles supplémentaires pour les résidents qui ont besoin de soins réguliers.

Le député de Pontiac, André Fortin, porte-parole libéral en matière de santé, s’est interrogé sur l’impact potentiel de la proposition sur les relations patient-médecin. « Cette approche est une mesure réactive qui pourrait démanteler les liens cruciaux entre les patients et leurs médecins de famille », a déclaré M. Fortin. Il a soutenu que les Québécois finiront par être poussés vers les salles d’urgence ou les cliniques privées, « leur laissant une expérience de soins de santé incohérente ». M. Fortin a également souligné qu’au lieu d’offrir des solutions à long terme, la politique pourrait entraîner une plus grande instabilité dans l’accès aux soins de santé, particulièrement en ce qui concerne les services de santé préventifs.

Vincent Marissal de Québec Solidaire a ajouté que cette mesure pourrait encourager une tendance vers les soins de santé privés. Il a souligné que même les patients en bonne santé bénéficient de la continuité des soins qu’un médecin de famille fournit, notant que les antécédents et les connaissances que les médecins maintiennent sur leurs patients sont cruciaux, quel que soit leur état de santé.

Le Dr O’Neill a fait remarquer que les décisions stratégiques d’il y a plus d’une décennie ont contribué à la pénurie de médecins observée aujourd’hui, alors que les admissions à la faculté de médecine ont été réduites. « Ces décisions passées entraînent des lacunes complexes dans les soins pour la population vieillissante et diversifiée du Québec », a-t-il conclu.

Photo – Un médecin de famille examine un jeune patient. (Photo d’archive)