Katharine Fletcher
OTTAWA – Plus de 100 manifestants se sont rassemblés sur la Colline, le 14 février, pour appuyer l’opposition des Premières Nations à l’approbation d’une installation près de la surface (IGDPS) pour les déchets radioactifs nucléaires aux Laboratoires de Chalk River. Les communautés algonquines des Premières Nations Anishinābeg ont organisé la manifestation.
La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a approuvé la construction d’IGDPS le 9 janvier, après avoir examiné le site et la conception de l’installation.
Cet IGDPS, situé à un kilomètre de la rivière des Outaouais et à 150 km en amont d’Ottawa, prendra trois ans à construire (y compris la coupe à blanc des forêts). Il acceptera un million de mètres cubes de déchets radioactifs provenant du site des Laboratoires nucléaires de Chalk River et d’autres régions du Canada. L’IGDPS devrait avoir une durée de vie de 50 ans pour la collecte, avec plus de 300 ans de surveillance.
Le chef de la Première Nation de Kebaeowek, Lance Haymond, a indiqué que la Première Nation algonquine Anishinābeg avait déposé une demande de contrôle judiciaire de l’approbation de la CCSN par la Cour fédérale.
Le chef Haymond a rappelé aux manifestants que le gouvernement fédéral favorise la réconciliation. De plus, il a souligné que le Canada a signé la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), qui stipule que le consentement des Premières Nations doit être obtenu avant d’entreposer des matières dangereuses sur le territoire des Premières Nations. Il a expliqué que la Première Nation algonquine Anishinābeg n’avait pas été consultée adéquatement, bien que le site de Chalk River et la Colline du Parlement se trouvent sur un territoire non cédé.
Le chef de Kitigan Zibi Anishinābeg, Dylan Whiteduck, a déclaré que le premier ministre Justin Trudeau avait rejeté les objections des Premières Nations à l’approbation par la CCSN d’IGDPS, déclarant : « Ce n’est pas une décision politique. De ce côté-ci de la Chambre, nous faisons confiance à nos experts ».
Garde-rivière des Outaouais a mené des recherches approfondies sur l’IGDPS, affirmant que « nous exhortons le gouvernement canadien à revoir la façon dont les questions de sûreté nucléaire sont abordées au Canada. Le Canada est loin d’être à la hauteur des normes internationales en matière de gestion des déchets nucléaires ». (ottawariverkeeper.ca)
Au cours de la semaine du 12 février, la députée libérale de Pontiac, Sophie Chatel, s’est adressée au Comité permanent de l’environnement et du développement durable. « L’une des principales préoccupations en matière de procédure dans le processus actuel de la CCSN est qu’il se limitait à l’évaluation et à la consultation sur une seule option… Les voix des communautés touchées doivent être au premier plan de ces discussions, et non à la périphérie », a-t-elle déclaré.
De plus, Mme Chatel a souligné que « le secteur privé ne devrait pas prendre les décisions-clés en matière de gestion des déchets nucléaires. À Chalk River, cette approche a été amorcée par la décision de l’ancien premier ministre Stephen Harper de privatiser une partie de la gestion des déchets nucléaires. Bien que le secteur privé puisse être un partenaire précieux, il est impératif que le gouvernement prenne l’initiative d’importants enjeux en matière de santé et de sécurité, comme la gestion des déchets nucléaires et la protection de nos collectivités ».
La Société pour la nature et les parcs du Canada – La vallée de l’Outaouais a fait une manifestation sur la Colline. Le directeur exécutif John McDonnell a déclaré : « Nous avons de sérieuses préoccupations quant au type de déchets qui seront stockés dans cette installation et, de l’avis des experts, la technologie et les processus proposés sont susceptibles de tomber en panne, entraînant une contamination des terres et des eaux. L’emplacement est un important corridor faunique reliant la rivière des Outaouais au parc Algonquin ; elle entraînera la perte de connectivité écologique et la destruction de l’habitat d’espèces en péril ».
M. McDonnell s’est dit préoccupé par les aspects sismologiques de la vallée de l’Outaouais, soulignant que le gouvernement fédéral devrait envisager de placer les déchets nucléaires dans un « dépôt géologique en profondeur comme d’autres pays nucléaires avancés, comme les États-Unis et certains pays scandinaves ».
Cathy Fox, résidente de Pontiac, vit en aval de Chalk River. « La rivière des Outaouais est la source d’eau potable de notre ville et de la faune. Des générations pendant des milliers d’années seront affectées négativement. Ce plan doit être arrêté et révisé conformément aux normes internationales », a-t-elle déclaré.
Le 14 février, la préfète de la MRC de Pontiac, Jane Toller, a publié la déclaration du Conseil des maires réitérant son opposition à l’autorisation de l’IGDPS par les LNC. Ils croient que les droits des Premières Nations de l’UNDIP ont été ignorés et qu’il faut trouver un autre site.