Pour la consommation légalisée d’une substance sans danger

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Dominique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist


Dominique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist

Dans quatre mois environ, le cannabis se retrouvera sur nos tablettes au même titre qu’une barre de chocolat, ma drogue à moi. Je ne me rappelle pas des grands débats qui ont mené à ça; je me souviens surtout d’une décision, de quelques réactions et de certaines justifications. La légalisation du cannabis semble bel et bien avoir été, dès le départ, un fait établi.
Reconnue pour son savoir-faire en la matière, la région s’en tirera à bon compte puisque, parmi les six compagnies qui auront le mandat d’approvisionner
en marijuana les 15 succursales de la Société Québécoise du Cannabis, se trouve Hydropothicaire, une société québécoise dont le siège social est à Gatineau. Plus localement, on a également annoncé que l’entreprise LiveWell Foods Canada comptait aménager un centre de recherche et d’innovation, ainsi qu’une usine de production de cannabis à Litchfield. D’un point de vue commercial, la légalisation de la marijuana est sans nul doute un bel investissement.
Pour ceux qui ont malgré tout décrié la décision, c’est du côté de l’implantation du
produit et de ses effets controversés qu’ils se sont le plus souvent exprimés. Prisé pour son côté euphorisant et relaxant (il se pourrait bien que le cannabis devienne la panacée en matière d’anxiété et dieu sait que les anxieux sont de plus en plus nombreux), la molécule responsable de ces sensations, le tétrahydrocannabinol (ou THC), affaiblit cependant certaines facultés telles que la concentration, l’attention, la mémoire, la coordination et la perception du temps. Si les risques d’accidents me semblent de toute évidence incontournables et que nous n’y sommes absolument pas préparés, la décision étant plutôt précipitée, c’est du côté de l’éducation que la professeure que je suis se pose de sérieuses questions.
Il est clair que ce sont les facultés cognitives de l’enfant qui seront atteintes en premier; il est clair que, depuis des années, les mêmes institutions gouvernementales ont prévu de l’argent pour m’informer et informer les
étudiants que la drogue, ce n’était vraiment pas bon pour leur santé. J’en aurai assisté à des formations de prévention où des professionnels rassemblés dénonçaient sans appel le cannabis et ses dangers ! Pendant toutes ces années, dois-je croire là que je me faisais endoctriner, que, finalement, les dangers ne sont pas si conséquents et qu’alors qu’on n’est pas préparé pour un tel changement, mes élèves vont utiliser leur bon jugement ?
Mais, je n’ai pas à m’en faire puisqu’au détriment de l’avis du corps médical qui affichait 21 ans comme âge légal, le gouvernement québécois, quant à lui, a établi l’âge minimal à 18 ans. En attendant, je présume que les écoles sont protégées puisque leurs enseignants et les élèves continueront de recevoir des formations de prévention sur les dangers de cette consommation maintenant légalisée.