Avec la Covid et les futures pandémies qu’elle annonce, l’accent est mis sur la santé. Les constats, qui se faisaient tout bas autrefois, se font plus criants : essoufflement et pénurie de personnel, taux d’occupation trop élevés aux urgences, perte d’expertise, autant d’éléments qui mettent en danger le patient (Le client, lui, quand il paie, obtient des services, mais du point de vue public, ce dernier paie beaucoup et les services se font attendre. Il faut donc bien qu’il soit patient). Aujourd’hui, pourtant, ce n’est pas la santé qui retient mon attention, mais les quelques discours encore trop épars qui dénoncent une situation : essoufflement et pénurie de personnel, vétusté des bâtiments, taux de décrochage scolaire alarmant, augmentation de l’intimidation, perte d’expertise; la Covid, bien sûr, n’a pas aidé et l’éducation est, elle aussi, en crise.
La fermeture des établissements scolaires que la Covid a provoquée a augmenté les inégalités. Le soutien familial, l’accès aux ressources éducatives et matérielles (accès à Internet, espace de travail adéquat, etc.) ont creusé les écarts entre les plus nantis et les moins favorisés. Ce sont des milliers d’enfants au Québec qui, aujourd’hui, en paient le prix. Les cours d’été sont devenus le passage obligé de bon nombre d’élèves qui n’ont pas pu profiter des « bienfaits » de la pandémie. Beaucoup d’entre eux se croisent les doigts à l’attente de leurs résultats de fin d’année à valeur ajoutée de fin d’été. Certains doutent encore de leur avenir incertain.
Tout le monde s’accorde sur les bienfaits de l’école, y compris nos politiciens, et sur le rôle primordial qu’elle joue dans notre société. Pourtant, à la veille de la rentrée, les enseignantes et les enseignants sont difficiles à trouver. Ils tombent d’épuisement, un peu plus chaque année, ou regardent, désabusés et impuissants, le système s’effriter. Les alertes ont été nombreuses, l’alarme a sonné plus d’une fois, mais son retentissement ne se fait ressentir qu’à présent. Les quelques timides actions gouvernementales sont clairement insuffisantes encore et les victimes innocentes ne cessent de tomber au combat. Parce que, derrière les discours, ce sont des humains qui souffrent et s’ils ne meurent pas encore d’être mal instruits, socialisés ou qualifiés, leur santé mentale est maintenant menacée. S’ils n’ont pas la chance de pouvoir aller dans le privé, le secteur public de la santé fera ce qu’il peut pour les soigner avec ses moyens limités.
Scandales des CHSLD, crise de la santé, crise de l’éducation, crise de nos institutions, c’est toute la qualité de notre société qui est en question et les Québécois, dans leur ensemble, ont été bien patients jusqu’ici.