Domanique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist
Avant tout, il me faut préciser que je ne suis pas française, sinon on risque de
Domanique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist
Avant tout, il me faut préciser que je ne suis pas française, sinon on risque de
m’accuser de parti pris. En effet, il me semble qu’il ne faudrait pas tomber dans l’excès et les 35 heures des Français, à cet effet, ne tiennent pas toujours la route, semble-t-il. Non, je suis belge (si l’on exclut le fait que je suis canadienne aussi) et je ne sais pas si c’est parce que j’ai, en moi, un petit côté latin mêlé à une
rigueur toute germanique. Mais, je trouve sincèrement qu’en matière de congé, l’équilibre au Québec est loin d’être atteint.
Tout me semble toujours tourner autour du travail et le fameux lâcher-prise dont j’entends parler à longueur de journée dans les émissions de télé (Euh, quand j’ai le temps de les regarder bien sûr) ou sur les couvertures des milliers de livres qui
paraissent chaque année sur le bien-être, le mien et celui de toute la société, je vois ce que JE peux faire pour améliorer mon sort : je peux sortir prendre la lumière, je peux sortir faire du sport (pas trop, mais juste assez), je peux bien manger, je peux bien dormir, je peux, je peux, je peux… mais ce que la société peut faire pour moi en matière de lâcher-prise et par souci de mon bien-être, ça, on en fait moins de cas.
Et pourtant, qui ne se dit pas en hiver qu’il ferait bon rester au chaud, blotti chez soi, prendre un peu plus de temps pour affronter les grands froids, tourner au
ralenti (comme les moteurs d’ailleurs), prendre le temps de recharger les batteries pour ne pas tomber en panne sur les côtés de la grande route ou foncer dans le fossé parce qu’on roule au-delà de la vitesse autorisée.
Le sujet semble léger et quelque part, il l’est, mais c’est un choix de société qui est fait et qui ne nous permet pas de prendre le temps de prendre notre temps. À l’heure où l’on condamne le stress de tous les maux, y compris celui d’attaquer de plus en plus nos enfants, je me pose quand même des questions sur le temps qu’on leur laisse, dans notre société, pour découvrir que la vie, c’est autre chose que de travailler tout le temps, que de passer d’un test à l’autre sans répit, jusqu’à Noël, et tant pis s’il fait froid, tant pis si c’est l’hiver et que tu manques de lumière, on va te bourrer de vitamine D (le dosage exact, on n’en est pas certain), mais tu vas avancer, sans jamais vraiment relâcher, si ce n’est quelques journées par ci par là, au nom d’une sacro-sainte-productivité dont on ne se démet pas.
Le sujet peut paraître léger, mais je ne crois pas qu’il le soit tant que ça alors
qu’à chaque jour, nous courons après le temps, qu’à chaque jour, nos enfants apprennent à courir après le temps, du temps qu’on n’a plus, du temps qu’on n’a pas, du temps qu’on ne prend pas, du temps qui passe inexorablement et qu’on
ne prend plus le temps de regarder passer.