Dominique Bomans et André Macron
Dominique Bomans et André Macron
9 heures 23 minutes 30 secondes… À sa 10e et dernière participation au Ironman de Hawaï (3,8 km de nage, 180 km de vélo et 42,2 km de course à pied), le plus renommé des événements sportifs de ce nom, Pierre Lavoie a atteint, à l’âge de 50 ans, l’objectif qu’il s’était fixé : terminer l’épreuve en moins de 9 h 30. Vingt-cinq ans après sa toute première participation au même événement, Pierre Lavoie réitère l’exploit… dans le même temps. Les valeurs qu’il préconise et les saines habitudes de vie donnent sans l’ombre d’un doute les résultats escomptés. En conférence à l’auditorium de l’école secondaire Sieur-de-Coulonge, Pierre Lavoie était de passage dans le Pontiac pour y laisser sa trace comme athlète incomparable, mais encore et surtout comme homme d’exception. Au-delà de performances sportives phénoménales, ce sont les qualités humaines de Pierre Lavoie qui marquent l’ensemble des générations du Québec, qui m’ont touché.
Originaire du Saguenay, Pierre Lavoie acquiert très vite une expérience de vie qui déterminera certains de ses choix plus tard. Enfant de parents séparés, il traverse, à l’aube de son adolescence, une période difficile, mais qui l’aura rendu plus fort. Ainsi donc, pour lui, si les épreuves au cours d’une vie sont inévitables, elles sont aussi la source même de notre force parce qu’au travers du négatif, il y a toujours ce je ne sais quoi de positif que l’on peut en tirer. Et cette philosophie, il l’apprendra à la dure lorsque par deux fois, il sera confronté à l’épreuve la plus difficile qu’un être humain ait à surmonter, et il ne parle pas là de ses participations à des épreuves sportives de haut calibre international, mais bien de la mort d’un de ses enfants.
Atteints d’acidose lactique, Laurie et Raphaël Lavoie décéderont à quelques années d’intervalle seulement de cette maladie génétique rare, mais généralement impitoyable. Pierre Lavoie révèle au grand public ses états d’âme les plus intimes parce que la mort de ses enfants ne peut pas et ne doit pas être inutile. Laurie lui aura permis de devenir l’un des grands vulgarisateurs québécois de la génétique, permettant ainsi de faire connaître ces maladies que personne ne connaît, réunissant des fonds pour la recherche là où très peu avait été fait et réussissant finalement à découvrir le gène responsable de l’acidose lactique en 2003, redonnant l’espoir à de nombreux parents de la région du Saguenay-Lac St-Jean de pouvoir avoir des enfants sans craindre de les perdre quelques années plus tard seulement. Raphaël lui aura, quant à lui, permis de poursuivre le combat sans jamais baisser les bras. Et c’est de cette force vive que sont nés ces défis, le défi Pierre Lavoie d’abord et aujourd’hui, le Grand Défi Pierre Lavoie.
C’est à des milliers d’enfants du Québec que Pierre Lavoie adresse aujourd’hui son plaidoyer pour qu’à travers eux et pour eux, nous changions nos habitudes de vie. Lui-même sédentaire et grand fumeur, il terminera son premier Ironman parmi les derniers, mais il aura une fois de plus atteint l’objectif qu’il s’était fixé : atteindre la ligne d’arrivée ! Partant du principe simple que l’on peut changer quel que soit notre passé, Pierre Lavoie l’aura, au cours de sa vie, maintes fois illustré. Plus qu’une question d’aptitudes, la réussite est surtout et avant tout, pour lui, une question d’attitude. Avec de la persévérance, de la discipline et essentiellement du respect, on peut atteindre des sommets inégalés. Venant d’un homme que rien ne prédestinait à devenir ce qu’il est, c’est dans le fin fond de nos cœurs que ses paroles trouvent leur écho. À écouter ce mécanicien de formation nous parler des possibilités infinies qui s’offrent à nous, on sait qu’il ne peut qu’avoir raison !
Dénonçant notamment l’aberration qui veut que la moitié de nos impôts sont investis dans un système de santé misant essentiellement sur le « curatif », Pierre Lavoie vise, quant à lui, le système d’éducation qu’il estime délaissé par nos gouvernements et par l’ensemble de la société québécoise qui fait des choix, selon lui, impossibles à soutenir. L’espérance / qualité de vie d’un Québécois aujourd’hui s’élève à 64 ans alors que son espérance de vie devrait être de 79 ans pour un homme, 83 ans pour une femme. Autrement dit, la plupart d’entre nous atteindront un âge respectable, mais les conditions de leur qualité de vie seront, quant à elles, exécrables. Pierre Lavoie reste convaincu que c’est en changeant nos comportements dès le plus jeune âge que l’on parviendra à changer toute une société. Et c’est sur l’éducation qu’il veut avant tout miser… Quand on connaît le pouvoir de persuasion de cet homme-là, on sait déjà qu’avec son Grand Défi, Pierre Lavoie nous mènera loin et qu’il entraînera dans son sillage ceux qui constitueront la société de demain.