Ottawa doit se donner une politique sur les déchets radioactifs

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Une trentaine de personnalités canadiennes issues des Premières Nations, des groupes environnementaux ou politiques (dont la chef du Bloc Québécois, Martine Ouellet), des associations féministes ainsi que des scientifiques et des médecins, ont fait parvenir une lettre collective au Premier Ministre Justin Trudeau pour lui demander de protéger la san

Une trentaine de personnalités canadiennes issues des Premières Nations, des groupes environnementaux ou politiques (dont la chef du Bloc Québécois, Martine Ouellet), des associations féministes ainsi que des scientifiques et des médecins, ont fait parvenir une lettre collective au Premier Ministre Justin Trudeau pour lui demander de protéger la santé et la sécurité des Canadiens en mettant fin à trois projets qui proposent d’abandonner des déchets radioactifs de longue durée à proximité de cours d’eau majeurs comme la rivière des Outaouais et la rivière Winnipeg.
Plus fondamentalement, ces groupes dénoncent le fait que le Canada n’a jamais adopté aucune politique pour régir l’ensemble des déchets radioactifs qui ne sont pas du combustible nucléaire. Ce vide politique laisse à un consortium de sociétés nucléaires privées toute liberté de mettre en place des façons expéditives et dangereuses de gérer des déchets radioactifs, ce qui va inévitablement mettre en
danger les générations futures.
Leur lettre collective demande donc que M. Trudeau mette fin aux plans insensés de ce consortium et qu’il entreprenne une large consultation auprès de la population canadienne et des Premières Nations pour mettre au point une politique fédérale sur ces déchets radioactifs autres que le combustible nucléaire lui-même. Dans les années ’80 et ’90, on avait tenu des audiences publiques dans cinq provinces afin de définir une politique sur la manipulation du combustible irradié issu de nos réacteurs nucléaires, mais on avait mis de côté les autres déchets radioactifs qu’engendre la fission nucléaire. La politique future devrait viser à protéger la santé et la sécurité des citoyens et de l’environnement canadiens plutôt qu’à faire plaisir à l’industrie nucléaire.
La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) prétend procéder à une évaluation environnementale de ces trois projets, mais elle n’est pas assez indépendante de l’industrie qu’elle doit surveiller, disait en juin le rapport d’un comité d’experts fédéral. « Pendant ses 17 années d’existence, la CCSN n’a jamais refusé d’accorder une licence à une installation nucléaire majeure. Pas une seule fois ! », soutient Gordon Edwards, président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire.
« La CCSN se préoccupe si peu de l’opinion publique qu’elle n’a organisé aucune consultation publique à Montréal, Laval ou Ottawa, souligne Gilles Provost, journaliste scientifique bien connu. Pourtant, ces agglomérations tirent toutes leur eau potable de l’Outaouais, en aval du dépotoir radioactif qu’on veut mettre en chantier dès l’an prochain. »
Quant à Ginette Charbonneau, qui est physicienne et porte-parole du Ralliement contre la pollution radioactive, elle affirme : « Le gouvernement du Canada
doit donner aux Canadiens ordinaires la chance de se familiariser avec ces déchets radioactifs et avec leurs dangers. Les citoyens doivent aider à formuler des principes et des normes qui encadreraient la gestion à long terme de ces déchets afin de garantir notre santé et notre sécurité plutôt que de plaire à
l’industrie. Il nous faut une politique fédérale. »

Lynn Jones
Pembroke