Lorsque François Legault gazouille, il sème la controverse. Ce n’est certainement pas le premier politicien à se mettre le pied dans la bouche des réseaux sociaux. Chez nos voisins du sud, « twitter controversé » est devenu une marque de commerce pour l’ex-président américain qui ne s’en privait pas non plus alors qu’il était encore en
fonction. Selon Monsieur Legault, la culture de la solidarité québécoise prendrait racine dans le catholicisme. Il n’en fallait pas plus pour que les boucliers de la laïcité ne se lèvent ardemment. Et pourtant…
Le 27 octobre dernier était organisée l’effroyable soirée d’Halloween, fête païenne par excellence. Plus récemment, en mars dernier, avait lieu le souper de poulet et de doré.
Lorsqu’ils l’ont remportée, Marie-Josée Corriveau et Jason Morel ont pu célébrer leur victoire de la Danse Révolution à la salle communautaire de la région. La semaine prochaine, à 19 h, se tiendra le fameux bingo hebdomadaire du jeudi soir au risque de gagner 1700 dollars. La fin de semaine prochaine, ce sera le souper Style Cabane à sucre où le sirop d’érable coulera à flot et où tout un chacun, petits et grands, fêtera le retour du printemps. Si tous ces évènements rassembleurs trouvent une place dans le Pontiac, c’est parce que des gens qui les ont à cœur ont misé sur la communauté. Qu’il y ait derrière tout ça un peu de chrétienté, est-ce vraiment là que devrait se situer le débat?
La confrérie des Chevaliers de Colomb est d’origine indéniablement catholique, mais de principe relativement laïque. Alors que des prêtres accompagnent chacun de leurs conseils, l’ordre, et chacune de ses séances, est, quant à lui, géré par des laïcs. Dire que l’esprit de communauté que les Chevaliers véhiculent est autant spirituel que réel, ce ne serait pas, selon moi, se mettre le pied dans la bouche.
En 2000, j’assistais, pour le Journal L’Express de Toronto, à la conférence inaugurale Lafontaine-Baldwin de John Ralston Saul. Il y parlait alors de charité et du fait que celle-ci ne pouvait pas et ne devait pas remplacer les obligations d’un État. Il y disait encore que la citoyenneté impliquait la responsabilité, et non le choix, d’être généreux. Quelque vingt ans plus tard, je me dis que, dans la société contemporaine où les écarts entre les riches et les pauvres se creusent davantage, où les immigrants se cherchent une histoire nouvelle, pour eux et pour leurs enfants, plus digne que celle qu’ils ont vécue auparavant, où l’inflation est plus qu’un concept théorique, ces propos étaient quelque peu prophétiques. La solidarité, qu’elle soit laïque ou catholique, doit continuer d’exister et d’être organisée…
Parce que même les Chevaliers ont besoin que leur relève soit assurée!