Les journalistes locaux ont souvent à faire avec les élus municipaux. Maintenir des relations entre les deux fonctions, ce n’est jamais facile et le potentiel de conflits est élevé. Il arrive tout de même, dans de très rares cas, que des liens de confiance puissent se créer entre des personnes des deux fonctions.
C’est-ce qui s’est produit entre moi et le maire de Campbell’s Bay, Maurice Beauregard, atteint d’un cancer métastatique. On n’a jamais été prendre une bière, nous n’avons jamais même été dîner ensemble, mais on se parlait régulièrement avec franchise et respect. Maurice Beauregard est un homme direct. Il ne perd pas de temps et ne parle pas jamais pour rien. Ce qui ne l’empêche pas d’être le politicien qui nous donnait les meilleures citations en particulier en français. Plutôt anglophone, Maurice possède une franchise particulière qui s’exprime de manière concise et précise en français. Des entrevues, parfois d’une minute 45 secondes, nous permettaient d’écrire trois articles!
Nos points de vue étaient souvent différents, mais il est difficile, même pour un journaliste qui aspire à la plus grande neutralité possible, de ne pas tomber sous le charme de la ténacité de celui qui a choisi de faire sa vie à Campbell’s Bay.
« Je l’ai dit à ma femme, si tu veux vivre avec moi, tu es mieux d’aimer Campbell’s Bay, parce que c’est là que je veux vivre et ce n’est pas négociable », m’a raconté Maurice, pour qui la famille était le centre de sa vie.
Quand la Municipalité a vécu des problématiques avec son eau potable, il y a quelques mois à peine, c’est le maire lui-même qui avait fait la route jusqu’à Québec, pour aller chercher la pièce manquante. Jamais d’ailleurs il n’a pris de crédit. Je l’ai appris, lorsque je lui avais mentionné lors d’une entrevue en direct, quel travail extraordinaire il faisait. « Non, ne dis pas ça François. C’est tout le conseil qui m’a aidé », m’avait rappelé celui-ci. Même si Maurice est atteint d’un cancer, il a été jusqu’au bout de son engagement, en particulier à la MRC. Maurice a été, pour moi, le chef de l’opposition à la table des maires. La critique étant le lot de la politique, Maurice a su argumenter, mais toujours en essayant de préserver son côté pragmatique et constructif.
Mon cher Maurice, il est rare que nous ayons la chance de rendre hommage à quelqu’un et qu’il puisse l’entendre ou dans ce cas-ci le lire. Ayant cette chance, je veux te remercier pour ton engagement envers Campbell’s Bay et de m’avoir fait réfléchir sur la façon de faire ce métier de journaliste ici. Sache que quoi quoiqu’advienne, je vais constamment me questionner sur ce que j’écris et dis. Merci Maurice.