L’école n’a pas changé, dites-vous?

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Dominique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist


Dominique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist

Je suis de ces gens un peu nostalgiques d’un passé révolu. Je vois tout changer à une vitesse folle. Sans doute s’adapter fait-il partie de l’ADN de l’être humain? Mais il me semble qu’on lui avait laissé le temps d’y penser pendant quelques millions d’années.
Il paraît que l’école, elle, n’a pourtant pas changé. Demandez à Prince Ea ce qu’il en pense (I sued the school system, https://www.youtube.com/watch?v=dqTTojTija8)!
De l’extérieur, on pourrait se dire que tout est comme avant, même si les Frères et les Sœurs qui nous enseignaient ne sont plus là, l’école s’est fortement laïcisée et les débats autour du cours d’Éthique et de culture religieuse sont certes là pour en témoigner. Les couloirs sont semblables, les bâtiments sont vétustes, voire insalubres pour certains. Fallait-il vraiment une crise sanitaire pour se pencher sur la qualité de notre air?
L’école n’a pas changé. Les pupitres sont semblables, les chaises aussi. C’est vrai que ça manque un peu de couleurs sans doute, le prof. est à l’avant, les élèves écoutent ou font semblant (s’ils font encore semblant parce que leur attitude est bien différente à présent). Bien sûr, je ne nierai pas le fait qu’il y a encore de ça dans une école, mais pour accueillir dans un local, une trentaine ou plus d’élèves (car leur nombre, lui, a souvent augmenté), il faut des bancs et des chaises. Il faut aussi beaucoup de mauvaise foi ou d’ignorance pour ne pas voir à quel point les interactions entre les enseignants et les étudiants ont changé avec le temps, pour ne pas réaliser la flexibilité de l’aménagement d’une classe en fonction des activités qui y prennent place. L’école se veut technologique aussi, mais il y a beaucoup de considérations éthiques auxquelles la société qui évolue peut-être plus vite n’a même pas pensé, laissant au personnel scolaire le soin de régler l’affaire.
L’école n’a pas changé et pourtant, quand je prends le temps de regarder mes cahiers du passé (Oui, je les ai gardés; aujourd’hui, on les jette plus souvent qu’autrement.), j’y vois mon écriture bien tassée sur des dizaines de pages. Autant d’éléments qu’à force d’avoir écrits, j’ai retenus davantage parce que la mémoire passe aussi par la main. On s’étonne aujourd’hui que les jeunes ne retiennent rien… À quoi bon puisque le savoir ne tient qu’à un clic? Encore faut-il qu’ils sachent où cliquer et que je le sache aussi!
Je ne voudrais même pas rentrer dans le contenu de la matière ni dans les manières de faire. Il y eu tellement de réformes depuis que j’enseigne que vous seriez sans doute perdus. Il faut dire que la cohérence n’a pas toujours été la principale exigence de tous les changements programmés. Je fais partie de ces gens un peu nostalgiques du passé, je vous avais prévenus, peut-être est-ce l’âge, peut-être est-ce autre chose? Mais depuis vingt-cinq ans que j’enseigne, je ne reconnais pas l’école de mes débuts. C’est sans doute mieux ainsi, me direz-vous? Pourtant, l’école n’a pas changé.
Je vous souhaite une très bonne rentrée.