Les roues de l’autobus n’ont pas tourné depuis le 1er mai 2023 pour des milliers d’élèves du Pontiac et d’autres régions du Québec en raison d’une grève qui perdure entre les chauffeurs d’autobus scolaires et leur employeur. Les élèves doivent donc se débrouiller seuls pour se rendre à l’école depuis deux mois.
Le cabinet du ministre de l’Éducation du Québec a déclaré que le transport des élèves vers l’école est un privilège et non un droit. Eh bien, M. Drainville, ce point de vue est tout simplement faux. Il y a quelques décennies, lorsque chaque petite ville disposait d’une petite école accueillant toutes les classes, le transport pouvait être considéré comme un « privilège ». Dans le monde moderne, les écoles sont plus grandes et construites dans des lieux centraux pour desservir de nombreuses communautés. Par conséquent, certains élèves doivent parcourir plus de 70 km pour se rendre à l’école chaque matin. Cela représente plus de deux heures par jour pour recevoir une éducation ! Le fait d’imposer aux parents de conduire leurs enfants doublerait ce temps de travail, avec un aller-retour deux fois par jour. C’est irréaliste et injuste pour les élèves qui résident dans des zones rurales. Certains parents n’ont pas les moyens de consacrer autant de temps à leurs enfants, si bien que certains d’entre eux ne vont pas du tout à l’école.
- Drainville, une grève prolongée des services de transport locaux aide-t-elle le Canada à respecter ses obligations envers les Nations Unies en vertu de l’article 28 de la Convention relative aux droits de l’enfant, qui vise à rendre l’éducation disponible et accessible à tous les enfants ? La réponse est non.
Récemment, un élève de la région, Gabriel Deschenes, 15 ans, a attiré l’attention sur son sort en se rendant à l’école à bord de son kayak, depuis son domicile à Rapides-des-Joachims jusqu’à Pembroke ; cela lui a pris trois jours. Gabriel croit qu’un transport adéquat est essentiel à son droit à l’éducation et espère attirer l’attention sur ce problème et accélérer sa résolution. (Voir page XXX)
Cette histoire devrait vous inspirer et vous faire réfléchir à deux fois, M. Drainville, sur votre implication dans cette grève avant de renvoyer toutes les responsabilités à M. Boulet, ministre du Travail. Que feriez-vous, M. Drainville, si on vous retirait votre accès privilégié à un véhicule pour exercer vos fonctions ? Rouleriez-vous jusqu’au travail ?
Annie Morin
Rapides-des-Joachims