Le Pontiac vue par une « étrange »

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Au terme d’un « road trip » exaltant, je suis revenue chez moi, pleine d’un air d’ailleurs. Mon fils voulait voir la Nouvelle-Écosse; il en a vu des bouts, certains endroits dont je ne soupçonnais pas la beauté. Nous en avons couvert de la distance… Cinq provinces et un État plus loin, mon fils (encore lui) a fait religieusement la collection de souvenirs plus hétéroclites les uns que les autres, mais tous identifiant de façon univoque les lieux par lesquels nous sommes passés. Mon fils (toujours lui) s’est mis en tête de trouver le territoire sur lequel il s’établira, une fois grand.

Il a jeté son dévolu sur quelques régions de ce pays, les voisins du Sud l’intéressent aussi. Il a défini trois, quatre critères « importants » et, depuis, il procède méthodiquement par une exploration des lieux convoités, suivie d’une récolte d’opinions, d’une analyse des impressions et d’une comparaison qui l’amèneront vers la bonne décision. Il y a de cela 25 années, j’ai quitté une famille, un pays. J’ai traversé l’océan pour m’installer ici. J’ai parfois eu la nostalgie. Je me suis souvent posé la question de l’exil que l’on impose à ceux qui n’ont pas choisi. À chaque déménagement, je me suis demandé quel en était le prix. Je suis peut-être une « étrange », mais j’ai fait du Pontiac ma maison et le berceau de ma famille.Les collines de la Gatineau en toile de fond, j’y ai découvert mes nouveaux horizons. Les sentiers cachés sont devenus mon terrain de jeu. Bravant les interdits, j’aurais bien voulu grimper la tour du feu. Au bout du chemin Tremblay, je visitais le dépanneur, rien que pour le plaisir d’y voir Martine, une icône de Luskville. Puis, ce fut les longues courses sur les graviers de l’ancienne voie ferrée, la découverte de la vie de ferme et de la campagne organisée, ma vie à Quyon suivie d’un déménagement pour Campbell’s Bay.

C’est là que je fus initiée aux rudiments de la politique pontissoise, découvrant ce qu’était une MRC et avec elle, les dix-huit municipalités du comté… et leurs guerres de clocher : l’extrême familiarité, la rudesse de l’hiver quand il est rural, celle de certains Pontissois, la difficulté de comprendre une langue hybride, ni anglais, ni français, mais les deux à la fois, la complexité des enjeux linguistiques ancrés dans l’histoire, la drave, le bois comme refuge, le bois comme survie… C’est la 148, route mythique maintes fois fréquentée depuis, qui m’y aura conduite pour la première fois.

Bon nombre d’endroits traversés cet été m’ont ramenée au Pontiac, un lieu si proche d’avoir pu l’appeler chez moi qu’il provoque toujours une certaine mélancolie dès que je frappe les quatre voies.