Le gouvernement fédéral ordonne aux postiers de retourner au travail

0
59

Le gouvernement ordonne aux travailleurs des postes de retourner au travail !
Sophie Demers

OTTAWA – Appuyé par une décision du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), le ministre du Travail Steven MacKinnon a invoqué les pouvoirs que lui garantit le Code du
travail pour ordonner aux travailleurs des postes en grève de retourner au travail. Les activités de Postes Canada ont repris à 8 h le mardi 17 décembre.

Lors d’une conférence de presse le 13 décembre, M. MacKinnon a déclaré que les négociations entre Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) avaient peu progressé, le médiateur fédéral ayant signalé que les pourparlers allaient dans le « mauvais sens ».

Deux jours d’audiences ont été tenus par le CCRI, qui a conclu que les parties sont dans une impasse dans leurs négociations. « J’ai demandé au CCRI de prolonger les modalités des conventions collectives existantes jusqu’au 22 mai 2025. Pendant ce temps, une commission d’enquête industrielle sera mise sur pied », a déclaré M. MacKinnon.

Le rapport d’enquête doit être publié le 15 mai 2025. « L’examen pourrait servir de base à une voie à suivre sur la façon de modifier les conventions collectives et de clarifier les structures, les droits et les responsabilités des parties à la négociation collective, a déclaré M. MacKinnon.

Postes Canada a réagi à la nouvelle : « Nous sommes prêts à participer pleinement au processus et à nous conformer à la directive du ministre. Pendant ce temps, nous sommes impatients d’accueillir nos employés de retour au travail et de servir les Canadiens et les clients. Nous prendrons toutes les mesures appropriées pour appuyer ce processus le plus rapidement possible, compte tenu des directives que nous a données le ministre. Notre engagement a toujours été de conclure des ententes négociées avec le STTP qui nous aideraient à mieux répondre aux besoins changeants des Canadiens et à fournir
de bons emplois à ceux qui fournissent le service.

Le STTP a publié une déclaration dénonçant la décision de MacKinnon. « Cette ordonnance poursuit une tendance profondément troublante selon laquelle les gouvernements fédéraux successifs ont eu recours à une loi de retour au travail ou, dans ce cas, à ses pouvoirs arbitraires pour permettre aux employeurs de s’en tirer à bon compte de la négociation de bonne foi. Quel employeur agirait sur quoi que ce soit quand ils savent que le gouvernement va les renflouer ? Encore une fois, le gouvernement a choisi le capital plutôt que les travailleurs en nous retirant notre levier pour obtenir une bonne affaire », a déclaré Jan Simpson, président national du STTP.

Dans un communiqué de presse du 15 décembre, Postes Canada a déclaré que les employés de retour au pays recevront une augmentation salariale rétroactive de cinq pour cent, remontant à l’expiration des conventions collectives (31 décembre 2023 pour les facteurs ruraux et suburbains (FFRS) et 31 janvier 2024 pour l’unité urbaine). Tous les employés réguliers à temps plein et à temps partiel recevront un paiement de
1 000 $ avant Noël, le reste de la paye rétroactive étant acheminé d’ici la fin
de janvier. Les employés temporaires recevront 500 $, en fonction d’un nombre minimal d’heures.

Le 15 novembre, environ 55 000 membres du STTP à l’échelle nationale se sont mis en grève après une année de négociations syndicales avec Postes Canada.La plupart du courrier et des colis n’ont pas été livrés pendant la grève, ce qui touche des millions de personnes à travers le pays. Postes Canada a fait remarquer que même après la fin de la grève, il faudra du temps pour que les services reviennent à la normale en raison de l’arriéré.
­­

À l’origine, le STTP exigeait une augmentation salariale de 24 % sur quatre ans, mais il a récemment modifié sa demande à 19 %. Postes Canada, qui a subi des pertes financières au cours des sept dernières années, a déclaré que cette demande est encore trop élevée et coûterait des milliards à la société d’État au cours des prochaines années. Le service postal a offert une augmentation de salaire de 11,5% au cours de la même période, qui a été rejetée.

En plus des augmentations salariales, les demandes du STTP comprennent une plus grande sécurité d’emploi, une protection contre les progrès technologiques, des prestations d’invalidité de courte durée plus élevées, une allocation de vie chère, un horaire minimum de 20 heures pour les travailleurs à temps partiel dans les régions urbaines et de meilleures conditions de travail dans l’ensemble. Le syndicat demande également 10 jours médicaux en plus des 7 jours personnels prévus dans la convention collective.