Domanique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist
Dans la nuit du 8 février 2020, le lieutenant-gouverneur du Québec
sanctionnait la Loi modifiant principalement la Loi sur l’instruction publique
Domanique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist
Dans la nuit du 8 février 2020, le lieutenant-gouverneur du Québec
sanctionnait la Loi modifiant principalement la Loi sur l’instruction publique
relativement à l’organisation et à la gouvernance scolaires et les commissions scolaires, dont la commission des Hauts-Bois-de-L’Outaouais, devenaient officiellement des centres de services. Le projet de loi qui tourne essentiellement, ou plus médiatiquement parlant, autour de la fin des élections scolaires est certes plus complexe avec ses 300 articles et plus et ses dizaines d’amendements
et pourtant, personne, pas même les principaux intéressés, ne semblent savoir de quoi il en retourne exactement.
Au lendemain de l’adoption de ce projet de loi sous bâillon, c’est comme si toutes les instances concernées avaient été prises de court, les commissaires
étant les premiers surpris. Comment auraient-ils réagi à peine vingt jours plus tard alors que leurs postes devaient être abolis le 29 février ? Ce projet de loi, mis sur la table par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, était annoncé depuis le 1er octobre 2019. Force est de constater pourtant que personne ne semblait prêt à entendre cette nouvelle.
Passez l’effet de surprise, que reste-t-il donc ? Pas grand-chose en fait. Alors que de la bouche de Legault lui-même,
l’abolition des commissions scolaires devrait permettre la décentralisation des pouvoirs, les parents, les syndicats des enseignants, les enseignants et les
commissions scolaires se prononcent, certains timidement, d’autres plus vigoureusement, contre une loi qu’ils ne maîtrisent pas. D’un côté, ils assument que cela changera beaucoup de choses, mais ils manquent de précisions pour ceux et celles qui veulent en savoir plus; de l’autre, les commissions scolaires se font rassurantes, précisent qu’elles sont en période de transition et que cela ne changera rien aux « services » à l’élève. En est-on arrivé à un tel degré de
désengagement pour croire que modifier la façon d’administrer un domaine tel que l’éducation n’aura d’autres conséquences qu’administratives ? Dans le domaine de la santé du moins, les effets ont été drastiques, particulièrement dans le Pontiac.
Ce qui me semble inquiétant ici, ce n’est pas tant le changement qui,naturellement, cause toujours un peu d’émoi; c’est la précipitation antidémocratique d’un côté, la confusion tranquille de l’autre et le désintéressement du public pour les questions d’éducation. Créées en 1841, les commissions scolaires sont aujourd’hui abolies. Un système de gouvernance mis à mal, c’est tout un autre système de gouvernance qui sera mis en place; les commissions scolaires sont les premières à prétendre que cela ne changera rien aux « services ». Mais rassurons-nous, il y a une période de transition; quelqu’un, dans le fin fond, devait bien avoir une vision… à moins que ce ne soit pour des considérations budgétaires que finalement, rien n’a changé.