La récursivité médiatique des problèmes en éducation

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Domanique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist

Cela fait maintenant un certain nombre d’années que je travaille de près ou de loin pour ce journal et dans tous les articles qui y ont été écrits, ceux sur l’éducation ont

Domanique Bowmans
Éditorialiste Invitée
Guest Editorialist

Cela fait maintenant un certain nombre d’années que je travaille de près ou de loin pour ce journal et dans tous les articles qui y ont été écrits, ceux sur l’éducation ont
toujours attiré davantage mon attention, quand je ne les écrivais pas moi-même bien sûr. Il me semble pourtant, s’il ne s’agit pas de récits d’initiatives particulières, que le discours politique autour de l’éducation n’offre que peu de nouveauté médiatique.
Le directeur général du Centre de services scolaire des Hauts-Bois-de L’Outaouais, anciennement représentant syndical, doit en savoir quelque chose alors que les 450 enseignant.e.s du Centre se sont doté.e.s, à 95 %, d’un fort mandat de grève et que le syndicat attend aujourd’hui de connaître les réactions des autres centres de services de l’Outaouais.
Bien sûr, la question salariale, éternelle ritournelle, est au centre des négociations ou si elle ne l’est pas, et qu’on y place les besoins des élèves à travers le possible bien-être des enseignant.e.s en premier (penser qu’en les réconfortant, le sort des élèves s’améliorera également demande un certain culot sans doute), les médias la brandissent souvent comme si elle pouvait offrir LA solution. Pourtant, s’il y a bien une leçon à tirer de la pandémie, c’est qu’une poignée de dollars de plus ne résout pas miraculeusement l’épuisement dont les conséquences sont tragiques.
En éducation, on parle de pénurie d’enseignant.e.s, de taux d’abandon
important dans les premiers cinq ans, de désinvestissement pour celles et ceux qui sont là depuis trop longtemps, de taux de décrochage alarmant, d’analphabétisme grandissant, de diplômes bidons… En éducation, plus on se compare du point de vue salarial, plus on se désole au Québec d’un jour atteindre ce que toutes les autres provinces offrent à leurs enseignant.e.s.
Mais, même si l’argent permettrait de supporter plus longtemps ce qui est devenu réellement insupportable à la longue, ce sont des solutions concrètes qu’il faut trouver pour alléger la tâche des enseignant.e.s, pour leur permettre de s’épanouir professionnellement et pour leur montrer, en lieu et place d’un « merci », qu’on est de leur bord et qu’on fera tout pour les appuyer parce qu’en ces temps-ci de l’année, ils ont décidé qu’ils en avaient assez.
À l’approche des festivités de Noël, j’aurais voulu le ton plus enjoué, mais cette période de fin d’année, après des mois de difficultés pour certains corps de métiers, pousse au bilan alors qu’année après année, le discours se répète sans aucune offre concrète d’alternatives ou de changements.
95% d’un corps d’enseignant.e.s syndiqué.e.s qui se disent mécontents, 95 % qui poussent un cri alarmant, faut-il attendre un autre dix ans d’une situation qui se
détériore un peu plus quotidiennement? Faut-il attendre dix ans qu’une autre pandémie mette à terre le système d’une éducation affaiblie, au côté d’une santé exsangue, parce qu’au Québec, si le message est répété, il ne semble pas qu’il soit validé pour autant.