Vous le savez peut-être, l’éducation me tient à cœur. Anciennement enseignante, aujourd’hui conseillère pédagogique, je travaille, depuis des années, aux fins d’éduquer. J’essaie de comprendre comment faire apprendre à des jeunes qui, parfois, sont intéressés, parfois, désabusés. J’entends les critiques d’une école qui n’a pas su s’adapter, mais je vois les actions de celles et ceux qui s’acharnent, jour après jour, à enseigner et à motiver, parce que le décrochage scolaire, c’est l’affaire personnelle de tous les enseignants quelque peu engagés.
Il est facile d’imaginer les dommages pour l’élève décrocheur : revenus plus faibles, voire chômage, faible possibilité d’avancement, déficit de connaissances, faible capacité d’adaptation, problèmes de santé, consommation et dépendance, grossesses précoces ou non désirées, manque d’estime de soi et de statut social, pour ne citer que ces effets que l’on retrouve dans une étude menée par Frédéric Laurin de l’UQTR dont les résultats ont été dévoilés récemment, portant cependant, non pas sur les impacts individuels du décrochage, mais bien sur les coûts économiques et l’impact sur le développement de l’Outaouais, parce le décrochage scolaire, c’est l’affaire de tous.
Selon cette étude, l’Outaouais présente un taux de décrochage scolaire de 21,4 %, supérieur au taux du Québec de 16,3 %, soit près de 2000 décrocheurs de plus que partout ailleurs dans la province. La MRC de Pontiac n’est pas épargnée avec un taux de 36,6 %, le plus élevé après celui de la Vallée-de-la-Gatineau, plus du double de celui du Québec. L’indice de littératie pour les 15 ans et plus n’atteignant pas le niveau 3 (Il existe cinq niveaux de littératie) est de 60 %. Ces chiffres aux conséquences individuelles désastreuses ont un impact sur le développement économique de toute
la région.
Revenus d’emploi et recettes fiscalesperdus, diminution des recettes provenant des primes d’assurance-emploi, coûts supplémentaires en versements d’assurance emploi, augmentation des coûts de santé, d’aide sociale et de ceux liés à la criminalité, c’est, pour l’Outaouais, une perte de revenus de 306,2 à 695,7 millions de dollars tandis que pour la MRC de Pontiac, cette perte est de 9,9 à 15,9 millions de dollars. Si l’Outaouais parvenait à réduire le taux de décrochage scolaire pour atteindre celui du Québec, la région pourrait économiser entre 48 et 52 millions de dollars en coûts gouvernementaux et augmenter son PIB de 21 à 48 millions de dollars par an. La présence d’une forte proportion d’individus sans diplôme handicape grandement le développement régional de l’Outaouais et celui de ses MRC.
« L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde ». Nelson Mandela l’a dit, et ce n’est pas moi qui vais le contredire. J’espère que, dans les années à venir, la MRC de Pontiac saura en être un exemple concret.