Interruption des services d’obstétrique évitée malgré une pénurie provinciale de personnel – Les services d’obstétrique ruraux sont menacés ?

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Allyson Beauregard


Allyson Beauregard

SHAWVILLE – Quelques heures avant une interruption prévue de service d’un mois des services d’obstétrique (OBS) à l’Hôpital communautaire de Pontiac (PCH), le Centre intégré de suivi clinique et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO) a annoncé le 25 juillet qu’il avait recruté l’aide d’une équipe de
sages-femmes de la Maison de naissance à Gatineau pour assurer le maintien du service.
Cependant, une interruption en chirurgie générale en raison de l’absence d’un chirurgien général sur appel n’a pas été évitée entre le 3 et le 5 août, lorsque tous les cas de traumatisme ont été redirigés vers l’hôpital de Gatineau de même que, à titre de précaution, les femmes enceintes dans les cas qui auraient pu nécessiter une césarienne.  
Jusqu’au 25 août, les sages-femmes procéderont à des évaluations téléphoniques préliminaires avec les mères au début du travail afin de déterminer le moment de se présenter à l’hôpital. Elles s’occuperont des accouchements et des soins post-partum avec l’aide d’une infirmière, mais un omnipraticien sera sur place si une intervention médicale est nécessaire. Les douze mères du Pontiac touchées par la situation ont été informées et, si l’une d’entre elles préférait ne pas être traitée par une sage-femme, l’équipe médicale prendrait la relève.
Le manque de personnel infirmier en obstétrique (OBS) à PCH (congé de maternité, transfert de département, déménagement, etc.) est la raison du changement de statu quo. Le service OBS a connu d’autres interruptions de service courtes plus tôt cette année en raison de l’absence de chirurgien sur appel.
Le député du Pontiac André Fortin a applaudi les efforts du CISSSO pour trouver une solution pour que les mères puissent accoucher localement, mais a dit que la solution est loin d’être parfaite et ne contribue pas à solutionner le problème de manque de personnel médical qui sévit dans toute la province.
« Il y a une pénurie de professionnels de la santé partout au Québec. La Ville de Laval, la deuxième plus grande ville de la province, a fermé son service d’obstétrique et toutes les femmes de Laval doivent se rendre à Montréal pour accoucher. Le réseau de la santé dispose des ressources financières pour recruter des professionnels, mais ils ne sont tout simplement pas assez nombreux pour le moment », a-t-il expliqué, soulignant que le gouvernement n’avait présenté aucune mesure de recrutement et de maintien en poste.
Plusieurs raisons sont à l’origine de la pénurie, comme les salaires plus élevés en Ontario et les exigences de la langue française au Québec. M. Fortin a déclaré que des améliorations sont nécessaires pour rendre la profession plus attrayante et offrir davantage d’incitatifs aux personnes déjà employées dans le domaine afin qu’elles restent ici.
Selon Patricia Rheaume, porte-parole du CISSSO, l’organisation « travaille sans relâche » pour trouver des solutions à long terme, et bien qu’ils considèrent la présence de sages-femmes comme une exception, ils précisent que c’est une « collaboration qui ne fait que commencer ». 
Une pente glissante?
Étant donné que l’Hôpital communautaire du Pontiac est le dernier hôpital rural de l’Outaouais à offrir des services d’obstétrique et que la tendance actuelle à la centralisation se poursuit, le Dr Thomas O’Neill, de Shawville, craint que les interruptions des chirurgies générales ne constituent une tendance visant à ne plus fournir des services d’obstétriques dans le Pontiac. 
« Des études ont montré que, si les femmes enceintes doivent voyager plus d’une heure pour les soins, à la fois la maman et le bébé sont plus à risque », a-t-il mis en garde, notant qu’il voit la collaboration de sages-femmes comme une solution viable.
Bien que l’unité d’obstétrique de PCH permette aux patientes de recevoir des soins plus près de chez eux, sa présence signifie que les chirurgiens sur appel doivent pouvoir effectuer des césariennes, une compétence que de nombreux chirurgiens généralistes ne possèdent pas.
« Environ 80% des interventions chirurgicales d’urgence à PCH sont des césariennes », a déclaré le Dr O’Neil, qui est également responsable de l’anesthésiologie.
Il a réitéré la nécessité pour d’autres chirurgiens généraux de la région de s’engager à suivre la courte formation nécessaire pour réaliser des césariennes et offrir leurs services à PCH afin d’éliminer la pression sur leurs deux chirurgiens et donc de réduire les interruptions de la chirurgie générale.
Les docteurs  Nicholas Sperduto et Homayounfar   travaillent en alternance à PCH en rotation de sept jours. Cela signifie que chacun d’eux est sur appel quatorze jours par mois, alors que les chirurgiens de la ville ne travaillent généralement
pas plus de cinq jours en raison de personnel supplémentaire. Le Dr. Homayounfar a déclaré que cet horaire est exigeant physiquement et mentalement pénible, et réduit leur capacité à se couvrir mutuellement en raison de l’épuisement professionnel et des exigences légales. 
Malgré la gravité du problème, le CISSSO n’a pas mis au point de
solutions permanentes.
Avec le vieillissement des deux chirurgiens, le Dr Homayounfar croit que les interruptions de service ne feront qu’empirer si rien n’est fait.
Le Dr O’Neill a déclaré qu’il n’avait pas encore reçu de réponse claire de la part du CISSSO et de la province concernant leur engagement en faveur de l’obstétrique
en milieu rural. Cependant, Mme Rheaume affirme que le département d’obstétrique de PCH n’est nullement à risque. « Le CISSSO veut conserver le service d’obstétrique.
La collaboration avec les sages- femmes confirme cette volonté », a-t-elle conclu.
Pour être certifiées, les sages-femmes doivent avoir réussi une formation
universitaire de quatre ans, y compris une formation en réanimation néonatale et en interventions d’urgence.          
                                 (LT)