« Fort-Coulonge ne devrait pas être inclus» – Maire Gaston Allard ~ La ZIS révisée provoque des insatisfactions; une enquête sur la gestion des rivières est demandée

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Allyson Beauregard


Allyson Beauregard

MRC DE PONTIAC ET PONTIAC – Le 16 juillet, le gouvernement du Québec a dévoilé la version révisée de la carte de la Zone d’intervention spéciale (ZIS) à la suite d’une série de consultations publiques, dont une à Campbell’s Bay le 4 juillet, où les résidents et des élus l’ont qualifiée d’inexacte et d’exagérée. La ZIS place un moratoire sur les nouvelles constructions et la reconstruction des bâtiments détruits à plus de 50% par l’inondation jusqu’à ce qu’un plan d’action concret soit développé. La carte était censée couvrir la zone inondable de 0 à 20 ans ainsi que les zones touchées en 2017 ou 2019, mais il y a eu de nombreux cas où les
propriétés qui n’ont jamais été inondées ont été incluses.
Des subventions sont à la disposition des résidences principales pour couvrir 90% de la valeur de la maison, jusqu’à un maximum de 200 000 $, mais chalets et non-résidents ne sont pas admissibles.
Une petite victoire
Selon le député de Pontiac André Fortin, bien que le gouvernement ait corrigé « une partie de la situation problématique qu’il avait créée », la carte est toujours pleine d’erreurs qui auront des conséquences importantes pour les personnes incluses dans les zones identifiées.
« À court terme, les propriétaires ne peuvent pas entreprendre des projets de construction/rénovation. À long terme, la valeur de la maison baissera probablement, il est donc essentiel que le gouvernement identifie correctement chaque propriété. Les résidents ne peuvent se permettre que le gouvernement aille trop vite et que, en bout de compte, ils soient perdants », a-t-il dit, en notant la carte ZIS peut influencer le développement municipal, limiter la croissance et possiblement réduire le nombre de maisons et de chalets.
M. Fortin a déclaré que la ZIS retarde les retours à la maison et les réparations. « À cause de l’exigence qu’un inspecteur certifié puisse confirmer que les dégâts des inondations sont inférieurs à 50% de la valeur de leur résidence, beaucoup de gens doivent retarder les travaux », a-t – il expliqué.
Cela contrarie les maires comme Gaston Allard, maire de Fort- Coulonge. « Nous n’avons toujours pas reçu de rapport de
dommages du ministère de la Sécurité publique », a-t-il souligné.
2019 était exceptionnel
Tandis que M. Allard pense que la ZIS révisée décrit dans la plupart des cas avec précision les zones inondées dans sa
municipalité en 2019, il a toutefois estimé que l’inclusion de ces informations sur la carte était injuste.
« Pas une maison à Fort- Coulonge n’a été inondée en 2017, et bon nombre des
résidences inondées cette année ne l’ont pas été depuis plus de 40 ans. 2019 était
exceptionnel. Il est injuste qu’elle soit utilisée pour créer des cartes qui peuvent avoir un impact dramatique sur les résidents et leurs propriétés », a-t-il dit. Le conseil demande que la municipalité soit retirée de la ZIS.
« Gatineau a connu une tornade l’an dernier qui a causé beaucoup de dégâts. Devrait-elle maintenant être considérée comme une zone de tornade? », a-t-il ajouté. M. Allard a souligné qu’il fallait enquêter sur les causes des inondations avant de prendre d’autres mesures.
« Logiquement, lorsqu’un événement inhabituel et tragique se produit, la première chose à faire est de prendre soin des victimes. Une fois que cela est fait, vous découvrez comment empêcher que cela ne se reproduise. Il faut trouver la source pour trouver des solutions. Alors seulement, vous passez à ce qui est faisable, sur le plan financier, pour la province », a-t-il expliqué, en notant que la façon du gouvernement de traiter la situation est inhumaine et contraire à l’éthique.
« Vous ne pouvez pas simplement dire: cessons de prendre soin des gens et prenons un peu de temps avant qu’ils rentrent chez eux pour s’assurer que cela ne nous coûte pas trop cher. Ce n’est pas un gouvernement responsable, dont la première priorité devrait être la population – assurer leur sécurité et leur retour chez eux », a-t-il déclaré au Journal.
M. Allard dénonce la désorganisation, la lenteur des réponses, le manque d’empathie du gouvernement. « Les gens se sentent laissés pour compte et ont même du mal à joindre le Ministère au téléphone. Ils doivent tous rester passifs ici et attendre de l’aide qui ne semble pas venir. Le côté humain a été complètement évacué. C’est inacceptable. Comment se fait-il que le gouvernement ne soit pas préparé quand [la même chose] est arrivée il y a deux ans? » a-t-il ajouté.
Fardeau municipal
Bien que M. Fortin se soit engagé à aider les résidents et les municipalités à soumettre des révisions et la cartographie appropriée, il a dit que la responsabilité du gouvernement pour la gestion des révisions qui est imposée aux petites municipalités rurales est inacceptable compte tenu de leurs ressources financières et humaines limitées.  
De nombreuses municipalités du
Pontiac ressentent la charge de travail supplémentaire.
Avec 180 propriétés identifiées à tort, Joanne Labadie, mairesse de la municipalité de Pontiac, a déclaré que le bureau municipal a reçu près de 200 courriels par semaine de résidents qui demandent des modifications. La ZIS révisé n’a supprimé que 43% environ des propriétés mal identifiées.
« C’est une énorme quantité de travail ici dans l’une des plus grandes municipalités du Pontiac, je ne peux pas imaginer ce que c’est pour les plus petites, celles avec moins de ressources », a-t-elle déclaré, en soulignant que la santé mentale des résidents a été mise à rude épreuve par les données de la carte ZIS.
« Le gouvernement a amplifié l’énorme quantité de stress, d’anxiété et de traumatismes auxquels de nombreux habitants affectés par l’inondation étaient déjà confrontés pour reconstruire leur vie et doublé le nombre de personnes qui y sont confrontées [en les incluant à tort dans la ZIS] », a-t-elle expliqué.  
La situation à Chichester et à L’Isle -aux-Allumettes est similaire. « La première semaine de publication de la carte, nos téléphones sonnaient sans arrêt. La situation devenait incontrôlable et nous avons donc demandé aux résidents de nous envoyer udes courriers électroniques afin de mieux classer les demandes de renseignements », a déclaré Alicia Jones, directrice générale des municipalités, soulignant que la plupart des autres dossiers avaient été mis en veilleuse jusqu’à ce que cette question soit réglée. 
« Nous avons été débordés », a-t-elle ajouté.  
Bien que la ZIS révisée ait éliminé certains problèmes, il en reste encore beaucoup, a-t-elle déclaré. Les deux municipalités (Chichester et l’Isle-aux-Allumettes) soumettent leur propre carte détaillant la réalité des inondations de 2019, à l’instar d’autres municipalités comme Mansfield.
A partir du 1er août, 125 demandes de révision ont été envoyées au Ministère pour L’Isle-aux-Allumettes et 65 pour Chichester.  Mme Jones s’attend à ce que ce chiffre soit le double avant la date limite du 19 août.
Enquête à venir?
De nombreuses collectivités situées le long de la rivière des Outaouais, y compris la MRC de Pontiac, ont adopté des résolutions exigeant à une enquête indépendante sur le système de gestion de la rivière. Le 2 août, Catherine McKenna, ministre fédérale de l’Environnement et du Changement
climatique, a écrit sur Twitter qu’elle avait demandé à ses homologues provinciaux (QC et ON) de « travailler ensemble pour protéger les personnes et les biens, y compris l’option d’un examen indépendant ».
Will Amos, député de Pontiac, a bon espoir que cet engagement fédéral se transformera en « un examen indépendant et complet ». Il a ajouté que des discussions sont actuellement en cours « au plus haut niveau » avec le gouvernement fédéral et les deux gouvernements provinciaux afin de déterminer les détails, le mandat et la portée de l’enquête.
Les résidents ont jusqu’au 19 août pour informer leur municipalité de toute
inexactitude concernant la ZIS. Une version finale de la ZIS devrait être publiée quelques semaines plus tard.                              (LT)