Francois Carrier
Éditorialiste Invité
Guest Editorialist
Francois Carrier
Éditorialiste Invité
Guest Editorialist
Les campagnes électorales démontrent à quel point les médias sociaux ont changé notre façon de consommer l’information. C’est un moyen utile pour rejoindre une communauté, partager de l’information, échanger et promouvoir des services. Ce qui est surprenant, c’est le peu de responsabilités et d’attentes envers ce qu’on appelle « les géants du Web », contrairement à ce qu’on demande aux médias traditionnels.
On demande aux médias traditionnels – soit les journaux et la radio communautaire dans le Pontiac – d’être des citoyens responsables, de vérifier l’information qui est diffusée, d’investir dans la communauté, d’être présents aux événements, d’offrir un service à la clientèle rapide et personnalisé, de respecter les lois linguistiques et de contenus canadiens, de payer taxes et impôts, etc. De leur côté, les géants du
Web n’ont aucune de ses responsabilités.
Lorsque la radio communautaire de Pontiac a organisé un débat des candidats à l’élection fédérale, l’organisme a voulu, dans une optique démocratique, que le plus grand nombre de personnes puissent y avoir accès. Non seulement Facebook a exigé que la radio paye pour promouvoir du contenu qui a attiré des milliers d’internautes sur sa plateforme, leur permettant ainsi de tirer profit de la vente de publicité, mais elle a refusé de mettre le contenu de l’avant, alléguant qu’il s’agissait de propagande. De toute évidence, il y a eu un sérieux problème dans l’analyse des demandes, puisque les grands médias n’ont pas eu de difficulté à obtenir une grande visibilité. Et bonne chance pour joindre un responsable du service à la
clientèle chez Facebook pour démêler la situation. Autre preuve de ce non-sens : pour le débat de la préfecture de la MRC Pontiac, Facebook a accepté de promouvoir le contenu de la radio pour la somme de 10 $.
Autre exemple plus douloureux : septembre 2020, un terrible drame coûte la vie à un citoyen exemplaire, Sylvain Bégin. Cette nouvelle était d’autant plus choquante que celui-ci était un ami et une personne-ressource qui m’a aidé à écrire plusieurs articles de faits divers. En apprenant l’accident, alors que je ne connaissais pas l’identité des victimes, j’avais écrit à Sylvain. Quelques secondes plus tard, des photos de l’accident, qui permettait d’identifier la victime, circulaient abondamment sur Facebook. Une
personne a dénoncé la publication des photos, selon les procédures de dénonciation de Facebook. En guise de réponse, Facebook lui a indiqué de ne plus suivre la page en question. Des erreurs, tous les médias en font. Lorsqu’un collègue a commis une erreur, il y a quelques mois, les gens ont pu le contacter par téléphone. Chez Facebook, ce genre de situation arrive couramment, comme lors du meurtre survenu à Fort-Coulonge en 2020, alors qu’une vidéo de la résidence de la victime s’était mise à circuler avant que l’identité de la victime ait été rendue publique.
Le gouvernement récemment élu dit qu’il prépare des changements face aux géants du Web. Ces changements sont nécessaires.
Les modifications ne doivent toutefois pas seulement être apportées sur le plan fiscal. Tous doivent être assujettis aux mêmes règles, afin de permettre un accès équitable aux contenus médiatiques et de protéger
l’intérêt du public.