Des mesures d’austérité qui attisent la colère Québec Solidaire et la stratégie de la “terre brûlée”

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Fred Ryan (tr. L. T.)

Charmain Levy, la candidate du Pontiac pour le parti Québec Solidaire au cours des deux dernières élections provinciales, a rencontré le Journal pour parler des coupures

Fred Ryan (tr. L. T.)

Charmain Levy, la candidate du Pontiac pour le parti Québec Solidaire au cours des deux dernières élections provinciales, a rencontré le Journal pour parler des coupures
draconiennes et de la restructuration des services annoncées l’automne dernier par Philippe Couillard. Cette entrevue sera présentée en deux
parties.
Première partie
Journal : Mme Levy, lors des dernières élections provinciales, le Pontiac a voté massivement pour les Libéraux, mais il n’y avait aucune indication que les Libéraux de M. Couillard plongeraient le Québec dans une campagne d’austérité à la Steven Harper. Avons-nous été trompés?  Est-ce que
M. Fortin, notre nouveau député, a été trompé? Ou bien les électeurs ont-ils été négligents?
Mme Levy: Le Pontiac n’a pas voté pour M. Couillard: nous avons voté contre le PQ et contre la souveraineté.
M. Couillard ne peut prétendre que nous l’avons appuyé, encore moins que le programme d’austérité jamais mentionné durant la campagne électorale.
Ici, dans le Pontiac, nous votons toujours libéral, et cela veut dire que nous n’avons aucune influence sur la scène politique. Les Libéraux n’ont pas besoin d’investir dans le Pontiac, car ils savent qu’ils vont gagner de toute façon. Le PQ non plus n’est pas intéressé à investir dans notre région: ils sont certains que nous allons voter pour les Libéraux.
Journal: Alors, nous sommes toujours perdants?
Mme Levy: Il faut être plus prudents, même aujourd’hui. Le budget d’austérité, pour réduire la dette publique, n’est pas la vraie cible du gouvernement: l’austérité est un
prétexte pour une restructuration du gouvernement, des services du gouvernement. Et c’est comme ça que nous sommes perdants.  M. Charest, l’ancien Premier Ministre, voulait aussi restructurer les services, mais M. Couillard le fait beaucoup plus rapidement et dès le début de son
mandat.
Journal: Restructu-ration du gouvernement?
Mme Levy: C’est un remaniement des services gouvernementaux, surtout en santé et en éducation. Ils veulent séparer la santé des services sociaux: il s’agit d’une stratégie conservatrice, pour diminuer les services sociaux. Tout cela est basé sur une idéologie et non pas sur le bon sens
pratique. Par exemple, ils veulent éliminer en partie les services des Carrefours jeunesse-emploi, qui aident les jeunes sans emploi. Pourtant, ce programme coûte très peu à la Province et ce réaménagemnt ne contribuera que très peu à la réduction de la dette. Mais c’est une mesure qui est en ligne avec l’idéologie du gouvernement qui
prétend que les gens des classes économiquement faible et moyenne reçoivent beaucoup plus qu’ils méritent. Un autre exemple est le système de garderies: aucune augmentation des services n’est prévue
malgré une augmentation de la population.
Journal: Mais le
gouvernement affirme que tout le monde doit faire sa juste part maintenant?
Mme Levy: C’est ce qu’ils disent, mais c’est faux. Les gens les plus riches ne paient pas leur juste part: on ne mentionne jamais une augmentation des impôts pour les plus riches, qui paient à peu près le même taux que les gens de la classe moyenne. Les Libéraux veulent privatiser les services péripériques, augmenter les tarifs et instaurer une politique
d’utilisateurs-payeurs.  Aucune de ces mesures
ne touche les 18 000
personnes, les 1%, qui sont très riches au Québec.
Jetez un coup d’oeil à
l’éducation: les commissions scolaires publiques subissent des coupures, des fusions, toutes sortes de réductions, mais les écoles confessionnelles, qui sont des écoles privées, n’en subissent aucune. Le Québec subventionne les écoles privées à la hauteur de 50%, beaucoup plus qu’en Ontario, et on n’en parle même pas. En fait, c’est un avantage financier pour les gens riches, ceux qui peuvent se payer des écoles privées. Québec Solidaire réduirait lentement les fonds publics aux écoles privées. Les fonds publics doivent servir à des services publics et non à des services privés.
Journal: Est-ce que le gouvernement Couillard a déclaré vouloir privatiser des services gouvernementaux?
Mme Levy: Les services utilisateurs-payeurs sont une forme de privatisation, n’est-ce pas? Les programmes sociaux qui aident tout le monde, qui assurent la cohésion des communautés, devraient être des programmes universels, mais ils sont éliminés ou réduits.  C’est ça la privatisation.
Journal: La privatisation des soins de santé?
Mme Levy: C’est déjà commencé. Plusieurs services de santé sont offerts par le privé maintenant: vous n’obtenez pas ces services si vous ne payez pas.
Nous publierons la deuxième partie de cette entrevue dans une prochaine édition.  Mme Levy y présentera les solutions de son parti, en trois points. Elle parlera aussi de la disparité financière qui va en augmentant entre les très riches (1%) et les autres (99%), des
pressions pour la privatisation de Hydro-Québec, de l’augmentation des frais de garderie… Elle est convaincue que les citoyens doivent s’opposer à ces coupures afin de protéger les services que nous avons mis
en place.