De drôles de priorités

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Personne ne souhaite que les conflits de travail se prolongent et tant mieux si on trouve un terrain d’entente avec la fonction publique, mais force est de constater que le gouvernement de François Legault s’est lui-même placé dans une situation inconfortable. Par exemple, comment un gouvernement peut-il offrir de cinq à sept millions pour présenter deux parties hors saison d’une équipe sportive à Québec, pendant qu’on offre des augmentations salariales bien loin des ententes ? La Coalition avenir Québec (CAQ) s’est écartée de sa gouvernance qui avait fait son succès dans le premier mandat et, pendant que la population tente de composer avec l’inflation, les lacunes dans le domaine de l’éducation et de la santé, ce gouvernement prend position sur des projets comme le troisième lien à Québec, l’hypothétique retour des Nordiques, en plus de son inaction dans la crise des médias et son désintérêt à réformer le mode de scrutin.

En voyant les dépenses comme celle d’une équipe de hockey, les syndicats de la fonction publique ont bien raison d’être mécontents. Comme en témoignent de nombreux souvenirs dans mon bureau, je suis moi-même un fan des Nordiques et je ne comprends pas.  Surtout, lorsque la NBA déclare publiquement qu’on pense à Montréal pour une éventuelle expansion, que la Ligue canadienne de football dit avoir le désir de voir de l’intérêt pour l’ajout d’une concession à Québec et que les ligues majeures de baseball laissent entendre qu’un retour des Expos est possible. Comment peut-on donner des millions pour voir deux parties de hockey hors concours, tout ça, en pleine négociation avec le secteur public ? Dans son premier mandat, même si les résultats n’étaient pas toujours au rendez-vous, on sentait qu’il y avait une volonté. Autant pour renforcer la fierté québécoise dans le domaine économique, que pour miser sur des régions fortes, comme le projet de l’internet haute-vitesse, de la couverture cellulaire ou de la mobilité de la main d’œuvre dans les régions. Il y avait une logique derrière leurs priorités. En 2023, peut-être à cause d’un manque de concurrence de la part de l’opposition, particulièrement du Parti libéral du Québec et de Québec solidaire qui connaissent des difficultés internes, la CAQ s’est endormie.

À la surprise générale, c’est le Parti québécois qui semble avoir attiré les mécontents. C’est un parti qui n’a pratiquement aucune chance dans le Pontiac, mais de voir de la compétition à l’échelle provinciale n’est définitivement pas une mauvaise chose. L’opposition inattendue de ce parti motivera peut-être le premier ministre Legault à recentrer ses actions et à agir de manière plus responsable. C’est ce manque d’imputabilité qui a mené à des situations et à des déclarations complètement déconnectées de la part de la CAQ.