Bras d’honneur à notre mère, la Terre

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Pour la journée de la Terre, outre un nettoyage des débris de l’hiver, j’ai assisté
à une cérémonie organisée dans l’école où je travaille. Afin d’approfondir notre
engagement pour l’environnement, qui passe déjà par un plan stratégique vert et une collaboration étroite avec les gardiens du territoire, les Anichinabés de Kitigan Zibi, nous travaillons aussi avec les Gardes-rivière des Outaouais, une association unique pour une cause écologique unique.

En effet, le bassin versant de la rivière des Outaouais, l’affluent le plus important du fleuve Saint-Laurent, recueille toute l’eau de pluie et des fontes printanières, depuis sa source, le lac des Outaouais à 250 km au nord. Il s’allonge sur 1 271 km jusqu’à son embouchure et couvre 146 300 km², soit deux fois la taille du Nouveau-Brunswick. Son sol abrite le Bouclier boréal et des plaines à forêts mixtes.

Il est aussi difficile de savoir précisément comment l’activité humaine affecte la qualité de cette rivière, qui nourrit tant de sols et d’activités, que de comprendre son fonctionnement systémique. Et comme c’est une rivière interprovinciale, aucune des deux provinces ne peut en étudier de façon exhaustive le bassin versant à partir de ses berges. D’où l’existence, et la nécessité, des Gardes-rivière des Outaouais. Voici au moins une liste partielle : nous polluons la rivière avec les barrages, les eaux usées municipales et industrielles, les eaux de ruissellement urbaines, l’agriculture, les plaines inondables, l’aménagement des rives, et la destruction des terres humaines.

En tout cas, mardi dernier, lors de la conférence à ciel ouvert de Laura Reinsborough, directrice générale de l’organisme, j’ai pris conscience de l’importance cruciale de cette rivière que je vois quasiment chaque jour depuis ma fenêtre.

Elle a poursuivi en nous posant trois questions cruciales : Où sommes-nous ? Quand sommes-nous ? Qui sommes-nous ? Et là, changement de perspective : non, pas à Ottawa ou en Outaouais, mais sur Terre, un caillou habité quelque part dans l’univers ; non, pas en 2025, mais dans un continuum vieux de 30 000 ans, depuis les premiers hominidés, avec un cerveau identique à celui des hommes préhistoriques ; non, pas seulement des humains, mais des organismes vivants, au même titre que les plantes et les animaux, dont les particules finiront par se fondre dans le grand tout.

La cérémonie s’est terminée par un serment d’allégeance d’un-e représentant-e de chaque groupe constituant l’école, comme si nous avions vraiment décidé, collectivement, que préserver notre environnement devenait notre mission prioritaire. À une époque où nos sociétés ne pensent qu’en dollars, taux de croissance, barrières douanières, clics ou
« likes » sur les réseaux sociaux, quelle ironie !