J’ai longuement hésité avant de choisir le sujet de cet éditorial et puis, je me suis dit qu’étant professeure, je ne pouvais tout de même pas passer sous silence l’un des événements hyper importants du mois de septembre : la rentrée scolaire.
J’ai longuement hésité avant de choisir le sujet de cet éditorial et puis, je me suis dit qu’étant professeure, je ne pouvais tout de même pas passer sous silence l’un des événements hyper importants du mois de septembre : la rentrée scolaire. S’il y a bien une chose que j’aime dans ce métier, c’est cette impression de renouveau chaque fin d’été, cette possibilité de faire « table rase » du passé et de repartir à zéro. Cette fébrilité de début d’année scolaire ne doit cependant pas cacher les dures réalités du monde de l’éducation.
Au Québec, 53 % de la population éprouve de grandes difficultés à lire et à écrire. On va jusqu’à parler d’analphabètes fonctionnels. Cette réalité alarmante dépasse de loin les murs de la classe et le cadre de l’école pour prendre des allures de fléau sociétal. À peine 11 % de la population québécoise serait à même « de résumer des informations tirées de textes longs et complexes ou encore de juger de la fiabilité des sources lors d’une recherche sur le web. » Les années passant, le constat ne semble pas aller en s’améliorant.
En 2013-2014 (je n’ai trouvé aucune statistique plus récente sur le site du gouvernement), les deux commissions scolaires couvrant notamment le territoire du Pontiac enregistraient un taux de décrochage scolaire de 30 %, celui des garçons étant supérieur à celui des filles. Or, selon Bernard Charlot, pédagogue et chercheur en sciences de l’éducation dont les recherches se sont penchées sur les relations existantes entre les rapports aux savoirs et la persévérance ainsi que la réussite scolaires, dans certains milieux, « l’échec scolaire des élèves ne relèverait pas tant d’un déficit cognitif que des rapports qu’ils entretiennent face à l’école. » Ainsi donc, la façon dont l’élève perçoit l’institution scolaire, la façon dont il appréhende les « savoirs » qui y sont enseignés et la façon dont il se voit lui-même en tant qu’apprenant sont autant de facteurs qui peuvent influencer sa persévérance et, par le fait même, sa réussite à l’école.
S’il est rassurant de penser que les déficiences cognitives ont finalement peu à voir avec le décrochage de nos élèves, il serait intéressant de se demander ce que,en tant que communauté, nous pouvons faire, au côté des enseignants et des autres membres du personnel scolaire, pour les aider dans la lourde tâche de redonner confiance aux jeunes en leur école et en leurs capacités. Quel est donc le véritable rapport des Québécois à l’éducation ?
Que pouvons-nous faire en tant que parents, en tant qu’employeurs de ces jeunes qui quittent les bancs d’école parfois trop rapidement ? Peut-être serait-il important, en tant que communauté, de démontrer par nos actions et par nos paroles que nous faisons confiance en l’école de nos enfants, pas une confiance
aveugle et naïve, mais une confiance empreinte de respect pour une institution qui réfléchit sur elle-même et fait de son mieux pour répondre aux besoins du plus grand nombre ?
N’attendons pas le 8 septembre (journée mondiale de l’alphabétisation) ou le mois de février (journées de la persévérance scolaire) pour se rendre compte qu’au Québec, il est plus que temps de se retrousser les manches.
Dominique BOMANS
Éditorialiste InvitéE
Guest Editorialist