Aire protégée : tractations dans une zone d’intérêt

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Les aires protégées visées annoncées par le gouvernement du Québec, particulièrement pour les rivières Noire et Coulonge, démontrent qu’il y a un désir de créer une économie différente, basée sur le respect de l’environnement, mais aussi sur la concertation. À trois mois des élections provinciales, certaines personnes y ont vu un comportement électoraliste. Par contre, il ne faudrait pas limiter cette avancée à une simple manœuvre visant à gagner des électeurs.

Au contraire, cette annonce est le fruit de plusieurs mois de démarches politiques et l’effort de plusieurs partenaires.

Dans les coulisses, c’est un véritable jeu de tractation qui a eu lieu depuis les deux dernières années. Tout comme le Conseil régional de l’environnement et du développement durable de l’Outaouais (CREDDO) ou encore Tourisme Outaouais, la MRC Pontiac souhaitait depuis longtemps voir le gouvernement de la CAQ, protéger les territoires de la Coulonge, de la Noire et de la Dumoine.

Pour la Dumoine, il n’y avait pas trop d’inquiétude, mais le contexte économique de la rivière Noire et de la Coulonge et l’intérêt des entreprises forestières installées dans
les MRC voisines, ont compliqué la tâche.

Il est important de savoir ce qui s’est déroulé avant cette déclaration du ministre de l’Environnement, Benoit Charette, pour comprendre la portée du geste. Durant le mandat de Gilles Dionne à la mairie de Mansfield, celui-ci a reçu des appels d’intervenants et d’élus municipaux sur le sujet, dont des représentants de la MRC de la Vallée-de-
la-Gatineau et d’ailleurs en Outaouais.

« Mettons que ça ne fait pas leur affaires », m’avait confié Gilles Dionne, plus de deux ans avant la déclaration du ministre Charette. Des représentants souhaitaient que les élus de la MRC Pontiac ne votent pas en faveur d’une résolution demandant la protection de ses territoires. Gilles Dionne étant un politicien intègre, m’avait confié avoir reçu quelques appels pour tenter de le faire changer d’idée. « On m’a dit qu’en poussant ce dossier, je ferais mal au reste de l’Outaouais et aux entreprises forestières » m’avait-il souligné.

« Je ne vois pas trop comment ça peut affecter Mansfield négativement. Ce sont les entreprises et les travailleurs de la Vallée-de-la-Gatineau ou de Papineau qui profitent de nos ressources. En aucun temps une aire protégée affecte la chasse, la pêche, la villégiature, c’est plutôt pour contrôler les opérations forestières et minière dans un périmètre », avait conclu Gilles Dionne. Jane Toller a aussi fait face à des divergences d’opinions avec ses collègues des autres MRC de l’Outaouais. En bout de ligne, nos élus ont été en mesure de convaincre les instances en place de débuter et poursuivre le processus de créer des aires protégées.

Si une première étape est franchie, il reste maintenant plusieurs détails importants à définir. Le gouvernement devra officialiser son intention, mais aussi la délimitation
des aires protégés. Nos intervenants devront aussi mettre en place des projets économiques, qui sauront convaincre la population de la nécessité, non seulement environnemental mais aussi du potentiel économique de ce geste.