Réflexions après la fête des pères

0
19

En tant que parent, en tant que père, il y a des évènements que nous ne voulons surtout pas vivre. Assister à l’arrestation puis à la détention de notre progéniture, et voir cette dernière devenir une criminelle, en est une. Un véritable crève-cœur ! Or, l’on peut déjà se poser la question de savoir si l’on connait vraiment nos enfants, ou petits-enfants, neveux, nièces, etc. ? En fait, il peut arriver que l’on découvre des aspects plus sombres de leur existence ou de leur personnalité…

Cette problématique est même devenue un enjeu social. Les habitudes de nos jeunes,
disons entre 14 et 25 ans, ont changé. D’une part, leur socialisation : entre une hyperindividualisation, que notre société de consommation encourage, et un certain cloisonnement entre les groupes ou communautés, qui répond à un besoin de sentiment d’appartenance, entre autres choses, les moments de socialisation sans supervision parentale, tels que des « party », ne se déroulent peut-être plus comme avant. Ma propre fille m’avouait récemment que, déjà lors de ses années de secondaire, il était commun de fréquenter des membres de « gangs » à cette occasion ou de voir des gens avec un couteau. Lors d’une rixe, aujourd’hui, on ne prend pas un coup de poing, on fait face à des coups de couteau  ! Le racisme, l’homophobie, l’intolérance ont refait surface et s’y expriment, décuplées par les réseaux sociaux, sur lesquels se retrouvent aussi les groupes criminels d’ailleurs.

D’autre part, dans cette tranche d’âge, le port d’armes a changé de statut, il n’est plus tabou. Attention, je ne parle pas de fusils d’assaut, mais d’armes de poing (à air
comprimé ou à feu) ou de lames, qui connaissent un réel engouement. Une culture de la colère, de la rage même, dirigée contre la société, contre ceux ou celles qui sont différents, bref, contre les Autres.

S’il y a les agresseurs d’un côté, n’oublions pas qu’il y a aussi les victimes potentielles. Ces dernières ressentent davantage d’insécurité aujourd’hui que par le passé. Dans les évènements sociaux, ces personnes craignent pour leur vie physiquement. On pourrait y ajouter le risque violence sexuelle, qui ajoute une couche d’anxiété… Et quand on a peur, quoi de mieux pour se rassurer que de porter soi-même une arme ? Avec laquelle on pourra éventuellement, par accident, blesser, voire tuer… Alors, la victime devient l’agresseur, qui termine devant un juge, avec des accusations criminelles !

Plusieurs jeunes l’avouent : c’est devenu la norme ! Le phénomène s’est banalisé dans la dernière décennie, particulièrement dans les villes – les statistiques d’arrestation de jeunes pour violence ont explosé – et l’Outaouais n’y échappe pas. C’est extrêmement préoccupant. D’autant plus que nous, les adultes, n’avons le plus souvent aucune idée de ce qui se passe vraiment dans la tête et dans la vie de nos enfants.